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Le voyage à l’envers

mercredi 6 septembre 2000, par Maestro

Philippe CURVAL (1929-)

France, 2000

J’ai lu, coll. Millénaires

Le grand retour de Philippe Curval à la science-fiction s’effectue dans le cadre d’une collection qui est probablement une des plus dynamiques et des plus talentueuses de ces dernières années. Le roman dont il se fend procure un indéniable sentiment de nostalgie, et semble témoigner d’un certain manque d’originalité. Tout commence un peu comme le Contact de Carl Sagan, avec un journaliste en quête d’un papier, qui tente de voir où en est, dans cette première moitié du XXIème siècle, le programme SETI de recherche de signaux extra-terrestres. Ce qu’il apprend implique l’arrivée d’une intelligence extra-humaine d’ici à un siècle et demi. Problème, l’artéfact extra-terrestre détecté envoie un virus qui a pour conséquence de désagréger progressivement les systèmes informatiques terrestres. La solution qui est alors envisagée consiste à envoyer un vaisseau spatial hors du système solaire, jusqu’à la source d’émission du signal extra-terrestre, sur Proxima du Centaure, vaisseau qui contiendra toute la mémoire de l’humanité, et qui, selon la théorie de Langevin, reviendra sur Terre avant l’arrivée des extra-terrestres, avec un équipage qui n’aura vieilli que de quelques années.

Le talent littéraire de Curval est toujours présent, et le fait qu’il émaille l’ensemble de son récit d’allusions à la réalité sociale et politique montre qu’il n’a rien perdu de sa verve et de son esprit critique ! Son roman souffre néanmoins quelque peu d’un excès de didactique dans sa première partie, surtout pour un lecteur déjà familier du thème du voyage temporel en particulier. Ses personnages, exception faite du principal, André, restent également insuffisamment développés. Mais ce qui fait surtout problème, c’est l’absence de véritable originalité dans l’histoire. Le livre se lit bien, le suspens est tout juste suffisant pour ne pas inciter à le lâcher en cours de route, mais si la première partie évoque donc Contact, la partie centrale qui relate le voyage spatial est un peu trop creuse, laissant le lecteur sur sa faim, malgré des développements intéressants sur la difficulté psychologique des longs trajets dans le vide de l’espace. Quant à la partie finale, le retour sur Terre et la découverte des changements qui s’y sont produits, en plus d’être inachevée, elle évoque excessivement X-Files et les invasions extra-terrestres classiques, même si le procédé de contrôle de la population humaine est plus subtil que celui des Marionnettes humaines de Robert Heinlein, par exemple.

Au final, on se retrouve avec un roman vite lu, mais probablement vite oublié. Pour un jeune auteur, ce livre aurait pu sembler prometteur, mais pour un Philippe Curval, il est relativement décevant. Espérons qu’il ne s’agisse que d’un premier galop d’essai pour son grand retour.

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