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Supertoys, Intelligence Artificielle et autres histoires du futur

samedi 1er juin 2002, par von Bek

Brian ALDISS (1925-2017)

Grande-Bretagne, 1969-2001

Métailié, 2001, 62 p.

Allez savoir ce qui se passe dans la tête d’un génie (ou d’un individu reconnu comme tel, ce qui revient à peu près au même puisqu’après tout la reconnaissance, succédant à la sempiternelle méconnaissance du génie, semble bien subjective... mais on est pas là pour entretenir des considérations métaphysiques sur le génie !!!) La lecture de la nouvelle de Brian Aldiss "Les supertoys durent tout l’été" par Stanley Kubrick lui a donné l’envie de l’adapter au cinéma. Après en avoir acheté tous les droits, débattu pendant plusieurs années avec l’auteur, débarqué le dit auteur du projet et décédé 10 ans après (mourir est une oeuvre de longue haleine et sa préparation peut prendre toute une vie), le projet échoue - c’est le cas de le dire - entre les mains de Steven Spielberg qui en fait A.I., intelligence artificielle, soit beaucoup plus de péripéties que dans la nouvelle. Une telle conjonction de sommité méritait bien que l’on se penche sur l’oeuvre originale à laquelle Brian Aldiss avait d’ailleurs donné deux petites soeurs, d’autant plus que la version cinéma sentait fortement une inspiration émanent d’un nommé Carlo Collodi, auteur méconnu du très célèbre Pinocchio.

S’ouvrant d’un texte narrant la genèse du film, texte révélateur et désabusé quant à la personnalité du réalisateur de 2001, Supertoys se compose donc de trois nouvelles dont la première, "Les supertoys durent tout l’été", pose les thèmes rémanents à l’ensemble - l’interrogation sur son humanité par David l’enfant-robot et le monde surpeuplé mais deshumanisé divisé entre un Nord riche égoïste et un Sud manquant de tout - mais véhicule un message affirmant la primauté de l’humain sur la machine, aussi sympathique soit elle. "Les supertoys quand arrive l’hiver" et "Supertoys les autres saisons" marquent une rupture partielle en recentrant le récit sur David et sa quête d’humanité et son père Henry Swinton en proie à une crise d’identité rédemptrice suite à un échec professionnel. L’individu semble donc privilégié sur le collectif.

Au total trois nouvelles ni palpitantes, ni très émouvantes dont la créativité reste somme toute bien inférieure à ce qu’a pu faire l’auteur de la trilogie d’Helliconia mais dont les similitudes bien réelles avec Pinocchio s’effacent devant la différence fondamentale entre le héros de Collodi en quête de l’humanité et David s’interrogeant sur la nature de l’humanité. Une barrière subtile que Spielberg a enfoncé sans peut être la voir mais qui contribue à faire de David, un Pinocchio moderne, tourmenté (mais pas trop) et apte à recevoir une dose de sacro-sainte psychanalyse.

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