Accueil > TGBSF > V- > Visions d’antan

Visions d’antan

lundi 20 novembre 2000, par von Bek

Clifford Donald SIMAK (1904-1988)

Etats-Unis, 1953-1977

J’ai lu, 1997, 384 p.

C’est à la découverte de quatre longues nouvelles que nous convie le recueil Visions d’antan. Peut-être pourrait-on qualifier ces récits de novellas, soit de petits romans, car ils s’apparentent à ce genre tant par leurs longueurs (de 80 à 103 pages) que par leurs fins assez différentes des chutes finales spécifiques aux nouvelles, mais n’ergotons pas ! Halte à la taxomanie ! Ajoutons simplement que trois de ces nouvelles furent écrites dans les années 50 et la quatrième en 1977 et qu’elles offrent toutes une vision peu élogieuse de la condition humaine jugée avide, d’esprit étroit, conformiste et fière.

La nouvelle en titre, "Visions d’antan" (So bright the Vision, 1956) nous introduit dans un univers où la Terre, loin d’assurer la direction d’un empire galactique, joue le rôle de pourvoyeuse en histoires romanesques pour les populations extra-terrestres. Autant dire que le métier d’écrivain est alors assez répandu, car il faut bien alimenter l’imagination de millions de créatures incapables de créativité. Le rendement primant tout, plume et papier sont bannis des pratiques scripturaires au profit de l’ordinateur qui, une fois informé des paramètres, se charge de vous concocter une histoire de derrière les barrettes de mémoire. Mais que faire quand votre machine vous lâche, à l’instar de celle de Kemp Hart, scribouillard pathétique de cette histoire ? Avec un esprit assez acide, Clifford D. Simak livre ici une vision assez noire de la nature humaine en général et du rôle de l’écrivain en particulier.

"Génération Terminus" (Target Generation, 1953) n’offre pas un aperçu plus optimiste de l’humanité, bien au contraire ! Livrés à eux-mêmes dans un vaisseau auto-programmé - vous me direz quelle différence avec la situation actuelle ? - les Hommes sombrent dans le dogmatisme religieux, perdant toute conscience de leur mouvement, de leur destination, proscrivant écriture et lecture, ces dangereuses pratiques qui enduisent d’erreurs l’âme humaine au point de lui faire nier que les étoiles tournent autour du Vaisseau. Mais où va le Monde, Vaisseau, on se le demande et Jon Hoff, dépositaire secret de la lecture, aussi !

Pour David Latimer, peintre de son état et héros de "La maison des pingouins" (Auk House, 1977), la situation est autrement différente. En quête d’une résidence en Nouvelle-Angleterre pour renouveler son inspiration, son attention est attirée par une maison. Le charme de la bâtisse s’exerce si fortement qu’il s’empresse de la visiter par l’intermédiaire de l’agent de location, bien évidemment trop occupé pour l’accompagner. Il est tout aussi évident que David Latimer reste prisonnier de la maison qui s’avère une véritable cage dorée, déjà occupée par d’autres artistes et intellectuels et reléguée sur une terre parallèle où l’homme n’est jamais apparu. Latimer a tôt fait de repérer une issue qui le mène... sur une terre où l’homme n’est jamais apparu et le dinosaure jamais disparu. Qui est à l’origine de tout cela ? L’intérêt de la nouvelle ne réside pas dans les dinosaures particuliers rencontrés mais plutôt dans la réflexion sur la société que nous livre Simak, manifestant sa critique de son époque. En ce sens "La maison des pingouins" constitue une bulle confortable fournie par le système et dans laquelle s’isole l’Homme dans son refus d’affronter la réalité.

Avec "L’immigrant" (Immigrant, 1954), la parenthèse de la S.F. des années 70, marquée par l’introversion de l’humanité, se referme et c’est un retour aux voyages spatiaux et aux extra-terrestres. Et pourtant, la condition humaine reste au centre de la nouvelle. Selden Bishop, sélectionné pour son Q.I. élevé pour émigrer sur la mystérieuse planète Kimon et confronté aux Kimoniens doués de télékinésie et de télépathie, livre ses sentiments amères, atteint dans sa fierté d’être humain.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?