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L’ange de l’abîme

vendredi 28 mars 2003, par Maestro

Pierre BORDAGE (1955-)

France, 2003

Au Diable vauvert, 476 p.

L’ange de l’abîme fait suite à L’évangile du serpent, et Pierre Bordage poursuit donc dans ce roman son autopsie d’un futur proche. Mais à la différence du premier cité, ce nouveau livre est bien plus réussi, à tel point qu’il se hisse parmi les meilleures productions du maître. Il faut dire que Bordage y emploie une plume trempée dans le magma même de la violence. L’Europe qu’il met en scène est en effet totalement livrée au fanatisme chrétien, en lutte contre le monde musulman, pendant que les Etats-Unis ou la Chine profitent de ce conflit qui les épargne... Bombardements, nouvelles maladies, problèmes d’approvisionnement, insécurité chronique avec la multiplication de bandes autonomes, intolérance et même la réapparition de camps d’extermination destinés aux musulmans (surnommés les " ousamas "), on se croirait revenu aux pires heures de la Seconde Guerre mondiale.

Dans cet univers barbare en pleine déliquescence, nous suivons les pérégrinations de Pibe, jeune orphelin qui va passer du monde encore insouciant de l’enfance aux joies et aux peines du monde adulte. Il est accompagné de Stef, une fille rebelle et mystérieuse, aux motivations obscures, qui s’est attachée au garçon. Leur voyage d’ordre initiatique jusqu’au bunker du maître incontesté de l’Europe chrétienne, l’archange Michel, afin d’essayer de le supprimer, est l’occasion de découvrir les multiples facettes d’un monde qui ne fait que prolonger certaines des tendances actuellement à l’œuvre. Ainsi, outre les deux héros, la succession des chapitres nous permet de faire face à divers destins individuels, le plus souvent tragiques, par une série de rencontres proches de la technique narrative du récent Message de Joe Haldeman. Heureusement, l’espoir existe toujours, comme le prouvent certaines étincelles et la fin du roman. L’œuvre la plus violente de Bordage, virulente condamnation des religions (mais pas de la divinité en elle-même), le côté obscur de L’évangile du serpent, en somme, une lecture indispensable, malgré de légers défauts (côté caricatural de certains personnages, improbabilité du final).

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