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L’enjomineur, 1793

mercredi 18 janvier 2006, par Maestro

Auteur : Pierre BORDAGE (1955-)

Pays : France, 2005

Editeur : L’Atalante, 2005, 416 p.

Après un premier volume centré sur l’année 1792, tournant de la Révolution, Pierre Bordage nous propose une suite dont la lecture est toujours extrêmement plaisante. On retrouve donc Cornuaud, de plus en plus soumis au désir de mort de la sorcière qui l’habite, ce qui va l’entraîner du côté des partisans de la Convention, par opportunisme avant tout. Le policier Antoine Schwarz, de son côté, succombe aux attraits sensuels de la pulpeuse Armande, actrice en mal de reconnaissance, et accentue son enquête pour son plus grand malheur. Emile, quand à lui, n’est plus que l’ombre de lui-même depuis qu’il a perdu l’amour de sa vie et failli à sa mission féerique. Il finira par se reprendre et monter à Paris, alors que la Vendée commence à s’embraser. Introduit dans l’entourage d’un marchand favorable à la Révolution, il va peu à peu découvrir les coulisses d’un Paris en pleine ébullition, jusqu’à un coup de théâtre final à la fois surprenant et terriblement logique...

Malheureusement, si la dimension romanesque est agréable, les traits d’analyse déjà perceptibles dans L’enjomineur. 1792 sont ici encore plus marqués. Ainsi, le mythe du complot est plus que jamais prégnant, d’une part avec l’Assemblée secrète des bourgeois (un clin d’œil plutôt pertinent sur les avantages que cette catégorie a pu tirer des changements révolutionnaires), d’autre part avec la secte de Mithra, manipulatrice suprême, qui souhaite imposer son nouvel ordre au monde. Certes, une rupture entre celle-ci et la Convention est exprimée, mais les députés de cette dernière, les Montagnards avant tout, sont stigmatisés comme criminels. Et que dire de la population des sans-culottes et des enragés, vus quasiment comme l’incarnation du mal ! Inversement, Bordage semble accentuer volontairement la description des condamnées à la guillotine, tout comme celle des survivants de la famille royale dans leur cellule de la Conciergerie, afin de créer un sentiment de sympathie à leur égard. Le pire est atteint quand on découvre un Danton nécrophile ! Cete dichotomie caricaturale fait craindre le pire pour le dernier volume de cette trilogie qui ne s’imposera pas comme la meilleure réussite de l’auteur, pour le moins !

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