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AEON FLUX
dimanche 12 février 2006, par
Karyn KUSAMA (1968-)
Etats-Unis, 2005
Charlize Theron, Marton Csokas, Johnny Lee Miller, Sophie Okonedo, Pete Postlethwaite
A l’origine, Aeon Flux est une série d’animation, diffusée en 1991, créée par le coréen Peter Chung dans laquelle l’héroïne éponyme est une agent secret de la cité de Monica. Sanguinaire et vêtue de tenues aussi moulantes que pauvre en tissu, elle doit éliminer le dirigeant de la cité rivale de Bregna. L’adaptation cinématographique en reprend partiellement la trame, sans toutefois pouvoir réellement réutiliser ce qui faisait l’une des originalités de la première saison, à savoir la mort de Aeon à la fin de chaque épisode.
En 2011, 99% de la population de la Terre périt dans une pandémie que parvient à stopper in extremis le scientifique Trevor Goodchild. Réunis et isolés du monde dans la ville de Bregna, les 5 millions de survivants [1]vivent dès lors dans une société perçue comme idyllique et gouvernée par les Goodchild depuis 4 siècles. Sauf que des habitants disparaissent. Sauf qu’une société secrète, les Monicans, à laquelle appartient Aeon Flux, entend bien renverser le gouvernement Goodchild. Désireuse de venger sa sœur froidement assassinée par la police, Aeon accepte la mission de tuer le président Goodchild mais ne parvient pas à passer à l’acte le moment venu.
A bien des spectateurs, un temps soit peu cinéphile, Aeon Flux évoquera une autre époque de la cinématographie S.F., celle des THX 1138,Age de cristal et autres Soleil vert. Se retrouve en effet dans Aeon Flux cette bonne vieille thématique des sociétés où avoisinent utopie et détresse humaine et où des choses sont cachées à la population. Sauf que le film de Karyn Kusama entend apporter, d’une manière maladroite et simple, une réponse résignée à la triste condition mortelle de l’humanité.
Aeon Flux est cependant aussi un film résolument ancré dans son époque, et donc par la même peu novateur, puisqu’il instruit le procès du clonage humain, comme l’ont fait auparavant L’aube du 6e jour ou The Island. Au point qu’on se demande s’il n’est pas l’écho « Paramount » du film de Michael Bay produit par la Warner.
Le problème est que les moyens ne sont pas réellement au rendez-vous. Si l’esthétique froide et japonisante de l’architecture urbaine ou des personnages sont appréciables, il n’en reste pas moins que le film limite son action à des corps à corps et des échanges abondant de coups de feu. Certes Charlize Théron a déjà prouvé son talent d’actrice avec Monster (Patty Jenkins, 2003) mais dans Aeon Flux, elle n’a guère à briller et les autres ne brillent guère aussi.
Pourtant, c’est parce que Aeon Flux est un carrefour entre un dorénavant vieux cinéma de S.F. et un nouveau cinéma auquel le premier confère un peu de maturité, que le film de Kusama mérite d’être vu... une fois.
[1] on évitera de remarquer que la population de la Terre avant la catastrophe devait être de 500 millions