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PLANETE HURLANTE
mercredi 28 juin 2006, par
Christian DUGUAY (1957-)
Etats-Unis, 1995, Screamers
Peter Weller, Roy Dupuis, Jennifer Rubin
« Second Variety », la nouvelle à l’origine de Planète hurlante [1], datant de 1953, il devenait sans doute nécessaire dans une adaptation post-guerre froide de changer l’ennemi communiste par un autre.
Aussi, en 2078, le commandant Hendricksson ne doit-il pas affronter les rouges, ni même Charlie, mais, comble du détournement, les infâmes capitalistes du Nouveau Bloc Economique qui entendent faire exploiter le précieux berydium en dépit de sa radioactivité. Sur toutes les planètes minières (mais pas sur la Terre), une guerre sauvage éclate, opposant l’Alliance des mineurs, aux armées du N.B.E. Sur Sirius 6b, la principale colonie, dévastée par le conflit, l’Alliance a mis au point des robots souterrains dotés de lames rotatives qui lui assurèrent pendant un temps une supériorité sur l’ennemi, jusqu’au jour où les robots (les screamers) devinrent autonomes et attaquèrent tous les humains.
Coincés dans leur base, les hommes de l’Alliance sont largement isolés du reste de l’Univers et attendent sans y croire la fin de la guerre. Hendricksson reçoit des messages contradictoires qui le poussent à rentrer en contact avec son homologue du N.B.E., mais sur le chemin du QG ennemi les screamers se révèlent bien plus perfectionnés que leur conception d’origine.
Planète hurlante est un film très mal considéré. Le manque de moyens se fait ainsi cruellement sentir et le film, tourné au Québec, sans doute dans des friches industrielles et dans le stade, a tout du film de SF du pauvre, à commencer par les décors et l’utilisation d’armes à munitions projectiles, en lieu et place des lasers. Le spectateur, un peu aux faits des choses, aura donc davantage l’impression de se trouver sur Terre après une guerre nucléaire que sur une planète lointaine (mais après tout pourquoi pas...). Il faut l’avouer les moyens modestes ne sont guère compatibles avec la SF quand manque la logistique informatique qui, à l’instar des Chroniques de Riddick, pourraient pallier les manques financiers. [2]
Le problème est que ce manque de moyen n’aide pas à prendre au sérieux le scénario qui a pris quelques facilités avec la logique. Dès lors les choses deviennent plus prévisibles et la question de savoir à quoi ressemble le screamers type 2 (la fameuse Second Variety de K. Dick) ne laisse planer qu’un demi-suspens et aboutit à une fin quelque peu ridicule qui édulcore la noirceur du récit en dépit d’une répartie quant à l’évolution humaine. On peut au passage s’interroger sur l’adaptabilité de ces récits qui mettent en scène une poignée de personnages dans un contexte plus large. Car enfin, derrière l’histoire d’Hendricksson, il y a tout un background que l’on aimerait plus développé.
Au milieu de tout cela les acteurs - Peter Weller, alias robocop, en tête - s’en sortent avec médiocrité, sans surjouer mais sans talent et achèvent de faire du film une série B juste convenable.
[1] On peut la trouver dans le recueil Minority report par exemple
[2] Encore faut-il préciser que les budgets des deux films cités ne sont pas les mêmes (20 M$ contre 110 M$).