Perelandra

C. S. LEWIS (1898-1963)

Grande-Bretagne, 1943, Perelandra / Voyage to Venus

Voyage à Vénus (un titre bien moins magnétique que l’original) est la suite des aventures de Ransom, le philosophe terrestre, à la découverte de la cosmogonie chrétienne de notre système solaire. Après avoir rencontré l’archange protecteur de Mars dans Le silence de la Terre, ce dernier l’envoie sur Perelandra (notre Vénus) afin d’y éviter la répétition du scénario qui avait eu cours sur Terre, peu après la Création. En effet, il y rencontre la Dame verte, première femme de ce monde jeune, ignorant du mal et sur lequel humains et animaux vivent en parfaite complicité, afin de la détourner des tentations de Lucifer, venu sur la planète en parasitant le corps de Weston, le vieil ennemi de Ransom.

Le début du roman est l’occasion pour le lecteur de découvrir les principaux éléments de la géographie et de l’écosystème de Perelandra, une planète aquatique, un ciel nuageux en permanence à travers lequel ne perce jamais le soleil, et dont les seules terres sont des îles nomades. Malgré les découvertes astronomiques des dernières décennies, ces descriptions conservent une certaine poésie, à l’instar des visions d’un Burroughs. Cependant, c’est au niveau de l’histoire que le bât blesse. On se retrouve en effet avec un remake du péché originel, assez vite ennuyeux et prolixe en longueurs, théâtre d’ombres dans lequel Satan est caricatural et où seule la violence physique contre lui, curieusement, est efficace pour le chasser.

Le vernis science-fictif, déjà mis à mal par le voyage de Ransom, plus miraculeux que scientifique, s’effrite devant le message spirituel et engagé de C.S. Lewis : un idéal de vie en harmonie avec l’univers de Maleldil (alias Dieu), comprenant certes une condamnation de la colonisation des autres mondes (à travers le personnage repoussoir de Weston), mais également une glorification de l’espèce humaine, amélioration de la Création comparativement aux espèces plus anciennes de Mars, et perfection atteinte puisqu’elle est reproduite sur Vénus...