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La roue fulgurante
samedi 25 novembre 2006, par
Jean de LA HIRE (1878-1956)
France, 1908
Disons le d’emblée, ce roman de Jean de La Hire ne rivalise aucunement avec les chefs d’œuvres de la science-fiction française du début du XXème siècle que peuvent être Le péril bleu de Maurice Renard ou La mort de la Terre de J.H. Rosny Aîné.
Conçu selon les ficelles du plus traditionnel roman feuilleton, il narre les aventures d’un groupe de personnes duquel émergent le français (bien sûr !) Paul de Civrac et le sorcier savant Ahmed bey. Dès les enlèvements du début par la roue fulgurante du titre, un astronef qui anticipe en partie sur les futures soucoupes volantes, les péripéties ne s’arrêtent plus : chassés de l’engin, les héros se retrouvent sur Mercure (une Mercure dotée d’une atmosphère, qui plus est respirable par l’homme) où ils n’auront de cesse d’échapper à la vindicte des autochtones à l’intelligence à peine plus qu’animale. Ce n’est que grâce à Ahmed bey, deus ex machina, et à son pouvoir de désincarnation-réincarnation des âmes (sic !), qu’ils parviendront à se retrouver sur Terre.
Passons sur le détail de ces aventures, qui font courir le lecteur sans s’appesantir en profondeur sur ce qu’il découvre, et témoignent surtout de la superficialité du propos de l’auteur. En dehors d’une brève réflexion sur l’état d’intelligence avancée des planètes les plus anciennes, à l’instar de l’évolutionnisme de Wells, quid des Saturniens de la roue fulgurante ? Des Mercuriens jaunes plus avancés ? Des détails sur la civilisation vénusienne ? Tout cela est très vite évacué, à tel point que Jean de La Hire préfère carrément se débarrasser, à la fin de l’histoire, du vaisseau vénusien et de ses secrets, emportant avec lui l’omniscient Ahmed bey, plutôt mal inspiré sur ce coup ! Quant aux relations humaines, elles sont caricaturales, le pire étant atteint avec l’amour entre Paul et Lolla, sommet de mièvrerie indigeste : « Et leurs regards se croisèrent, brillants de confiance et d’amour, d’un amour encore inexprimé en paroles. Malgré le danger menaçant [sic !], ils se sentirent tout imprégnés d’un grand bonheur, d’une joie indicible et profonde ; en cette minute, silencieusement, Paul et Lolla s’étaient donnés l’un à l’autre... » (p.83).
Bref, un roman dispensable, n’en déplaise à Serge Lehman, inférieur au Prisonnier de la planète Mars de Gustave Le Rouge (avec qui il partage d’ailleurs une certaine fascination pour le spiritisme et le spiritualisme hindou), et qui n’est qu’un piètre ouvrage d’aventures sur fond de SF.