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LE LABYRINTHE DE PAN
Un film faunescinant !
samedi 25 novembre 2006, par
Guillermo DEL TORO (1964-)
Espagne, 2006, El laberintho del fauno
Ivana Baquero, Sergi Lopez, Maribel Verdu, Ariadna Gil, Doug Jones, Alex Angulo
En 1944, la jeune Ofelia rejoint avec sa mère enceinte le nouveau mari de celle-ci, un capitaine, chargé de débusquer dans la forêt un groupe de résistants anti-franquistes, reliquat de la guerre civile (1936-1939). Passionnée par les contes de fées, l’enfant découvre un labyrinthe aux tréfonds duquel, entraînée une nuit, elle fait la connaissance d’un faune qui lui assure qu’elle est l’incarnation mortelle d’une princesse d’un pays fantastique où son retour est attendu. Mais, pour rejoindre son royaume, elle doit accomplir trois épreuves avant que la Lune ne soit pleine. Terrorisée par le monde réel, angoissée par la difficile grossesse de sa maman, Ofelia accueille ce qui n’est peut-être que le fruit de son imagination comme une délivrance et un espoir. Pendant que son horrible beau-père donne froidement libre cours à sa violence, traquant résistants et espions infiltrés, la petite fille franchit les épreuves magiques.
Jamais conte ne fut aussi durement raconté car le réalisateur n’épargne pas grand chose aux spectateurs des monstruosités commises par le capitaine, dénonçant l’horreur de la guerre civile et de la dictature franquiste. Il n’épargne surtout pas le doute que toute la partie fantastique ne soit qu’illusion, un rêve d’enfant.
Mais il le fait avec un art consommé. Les acteurs, magnifiques de tragédie, dans l’horreur comme dans la souffrance, dans la résignation comme dans l’espérance. Ces sentiments ainsi mis en images ne sont pas sans rappeler la perception différente que l’Amérique latine entretient avec la mort, à l’image de la peinture de Frida Calo. La souffrance, mais aussi, dans une dimension quelque peu christique, la délivrance sont au coeur du récit, comme souvent dans les films de Del Toro, très marqué semble-t-il par le catholicisme.
Les créatures fantastiques, dénuées de toute miévrerie, ne laissent d’inquiéter le spectateur qui sent arriver la tragédie à laquelle l’ont préparé les premières images. L’ogre aux mains oculaires, si l’on peut appeler ainsi, est d’une créativité que ne dépasse que l’épouvante qu’il inspire, mais le faune n’a rien du Puck de Shakespeare ou du Tynus de Lewis. Créatures et personnages évoluent en outre dans des décors formidables, attirant ou repoussant, qu’il s’agisse de la forêt, du moulin ou du labyrinthe.
Le labyrinthe de Pan partage quelques points communs avec renoue avec L’échine du diable (2001). Les synopsis des deux films mettent en parallèle des événements historiques mineurs de la guerre civile espagnole avec des phénomènes fantastiques, mais alors que dans L’échine, ceux-ci s’interpénétraient, dans Le labyrinthe deux histoires cohabitent jusqu’au dénouement final. Dénouement dont on a pu remarquer qu’il fournissait les premières images, tout comme dans L’échine.