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La nef des fous
la croisière s’ennuie
samedi 23 décembre 2006, par
Richard Paul RUSSO (1954-)
Etats-Unis, 2001, Ship of Fools
Le Bélial, 2006, 432 pages.
Auteur encore inconnu en France, Richard Paul Russo a tout de même raflé à deux reprises le prix Philip K Dick, entre autre pour le roman dont il est question ici. Il met en scène un vaisseau arche, l’Argonos, qui voyage depuis des siècles entre les étoiles. Le narrateur est Bartolomeo Aguilera, un être difforme mais qui se trouve être le second du capitaine. Toute la première partie de l’intrigue peine à démarrer, avec les descriptions de la vie à bord du navire, d’autant que le style, relativement plat, ne suscite pas l’excitation. Même la découverte d’une planète dont émane un signal mystérieux, et l’exploration de ses vestiges humains avec un dénouement très (trop) gore, tout comme la tentative de mutinerie, ne soulèvent guère l’enthousiasme.
Tout commence à changer avec la seconde partie, puisque l’Argonos rencontre un autre vaisseau, apparemment mort, mais d’origine extra-terrestre, une première dans cet univers futuriste. Débute alors son exploration, que l’on peut résumer comme la rencontre entre le Arthur C. Clarke de Rendez-vous avec Rama et le Dan Simmons d’Hyperion. Les chapitres se succèdent alors avec un indéniable sens du suspens. En toile de fond, des rencontres humaines et des discussions autour de la croyance en Dieu, que ceux qui en sont déjà un tant soi peu familiers risquent de trouver un peu courtes.
Toutefois, les mystères de ce navire alien vont finalement laisser la place à un retour assez décevant des extra-terrestres comme ennemis mortels des humains, sans explication digne de ce nom qui aurait ainsi pu permettre de corriger l’aspect quelque peu cliché de cette thématique. Sans parler des diverses incohérences du dénouement du roman (pourquoi les extra-terrestres attendent-ils aussi longtemps avant d’agir ? Pourquoi laissent-ils partir aussi facilement les divers vaisseaux de secours ?). On se retrouve ainsi avec un roman loin d’être désagréable, en particulier en son milieu, mais dont l’intrigue, potentiellement riche en étant également assez classique, déçoit par manque d’originalité et d’explications. Dommage.