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LA BOMBE

...or how I began worrying and hate the Bomb !

vendredi 1er avril 2005, par von Bek

Peter WATKINS (1935-)

Grande-Bretagne, 1965, The War Game

1965. La détente peut bien battre son plein, le péril nucléaire n’a pas disparu. Les gouvernements des pays occidentaux ne le cachent d’ailleurs pas à leurs habitants, mais, à l’aide de petits films éducatifs sur le comportement à adopter en cas d’explosion nucléaire, ou de plans de sécurité et de salubrité soigneusement établis et diffusés mais que personne n’a lu, ces mêmes gouvernements espèrent bien avoir rassuré leurs populations quant aux dangers réels de la Bombe. Naïvement, mais peut-être est-ce mieux comme cela, la plus grande partie des Occidentaux continuent benoîtement leur vie quotidienne sans s’inquiéter de l’épée de Damoclès qui pèse sur leur tête. Il y en a pourtant qui posent des questions pour le moins gênantes.

Cinéaste au service d’une agence de publicité, Peter Watkins entre à la BBC. Pour une raison inconnue, dans un moment d’égarement ou de lucidité honnête sur lequel il faudrait quand même chercher des explications, la vénérable institution accepte de produire son projet de mettre en scène les conséquences de frappes nucléaires sur la Grande-Bretagne. C’est La bombe. Entièrement tourné comme un documentaire hypothétique - la voix off ne quitte jamais le conditionnel - le films de Peter Watkins imagine une situation de guerre nucléaire entre l’Est et l’Ouest et en montre les conséquences sans faire aucune concession : luminosité de l’explosion, onde de choc, choc thermique, radiations précédent l’affaissement d’une société bien policée qui ne peut plus enterrer ses morts trop nombreux, nourrir ses vivants encore trop nombreux pour ce monde dévasté. C’est la fin d’une civilisation.

Tourné avec des acteurs et des techniques novatrices quant à l’utilisation de la caméra, le film de Watkins est fort heureusement une fiction, mais de celles qui mettent en scène une réalité potentielle. D’où sa présence sur Wagoo. Qui prendrait cependant La bombe en cours de route, sans être prévenu, se demanderait quel enfer est ainsi jeté à la face du monde. Réaliserait-il qu’il s’agit d’un pays occidental, le spectateur pourrait se poser des questions quant à l’efficacité des mesures de protection gouvernementales et quant à l’intérêt de l’existence d’une arme si destructrice que son usage serait un constat d’échec patent.

Soit un film dangereux, au point de se voir interdit et de nuire à la carrière de son auteur. Soit un film réaliste au point de décrocher l’oscar du meilleur documentaire en 1966. Comme quoi la liberté n’est pas entièrement un mythe.

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