SOLDIER

Paul William Scott ANDERSON (1965-)

Etats-Unis, 1998

Kurt Russel, Connie Nielsen, Jason Isaacs, Jason Scott Lee, Gary Busey, Sean Pertwee

Y a des soldats qui ont une arme (et même plusieurs) et d’autres qui en sont une. Puisque pour faire un soldat, il faut défaire un civil, le soldat Todd et ses camarades, sélectionnés dès le berceau, ont reçu une éducation spartiate et spoliatrice de leurs individualités. Moyennant quoi ils obéissent aux ordres à la lettre, campagnes sur campagnes, du Moyen Orient à la planète Mars, jusqu’à ce que la nouvelle génération de soldats, issue du génie génétique, les frappe d’obsolescence.

Laissé pour mort à la suite d’un exercice, le soldat Todd est jeté au rebut et échoue sur une planète dépotoir où il rencontre une petite communauté de naufragés de l’espace qui mène là une vie de quiétude. Effrayé par les compétences et l’absence d’humanité de Todd, le groupe rejette l’ancien soldat. L’arrivée d’une patrouille formée des nouveaux soldats donne à Todd l’occasion de se rendre utile.

Soldier, c’est l’éternelle histoire de la déshumanisation du guerrier schématisée à l’extrême. Il ne faut pas longtemps pour que le soldat Todd pleure son humanité perdue, ses violences passées et sa mise à l’écart. Mais, l’instant d’après, pour bien faire comprendre qu’il est des guerres justes, Todd devient le sauveur solitaire, guerrier d’élite, Rambo d’un âge à venir. Par la même occasion, l’officier commandant est dépeint sous les traits du cynisme et de la cruauté, bouffis d’orgueil et de vanité.

Bref, le film de Paul Anderson tient de la caricature, les émotions les plus opposées s’enchaînant sans transition. Au moins Roland Emmerich ne s’était-il pas cherché d’excuse pour son Universal Soldier. Message simpliste, scénario indigent, le réalisateur de Resident Evil avait encore à cette date l’excuse de la jeunesse.