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LES DEUX MONDES
samedi 29 septembre 2012, par
Daniel COHEN
France, 2007
Benoit Poelvoorde, Natacha Lindinger, Arly Jover, Daniel Cohen, Michel Duchaussoy
Rémy Bassano n’est pas seulement un restaurateur d’œuvre d’art suffisamment compétent pour qu’Orsay lui confie une gravure de Toulouse-Lautrec, il est aussi un père et un mari aimant. Il a toutefois un défaut : il est trop gentil. Gentil comme quelqu’un qui dit pardon quand on le bouscule dans la rue, gentil comme quelqu’un qui pense d’abord à ses clients quand son atelier en sous-sol est inondé, gentil comme quelqu’un qui ne fait pas de scène quand sa femme lui annonce qu’elle demande le divorce parce qu’elle trouve qu’il ne fait pas assez attention à elle et qu’elle en aime un autre qui attend en bas, gentil comme quelqu’un qui ne dit rien quand on le chasse de chez lui, gentil comme quelqu’un qui n’ose rappeler ses problèmes à sa famille quand son petit frère débarque pour narrer ses exploits de vendeur. Chez Francis Veber, ce genre de gentil porte hélas un autre nom et gagne au moins un bon dîner. Chez Daniel Cohen, les ennuis s’accumulant, il lui en tombe d’autres dessus : Rémy est invoqué par les prêtres sorciers d’un peuple d’un village d’une planète à trois soleils pour être celui qui doit incarner la prophétie et prendre la tête du peuple pour le libérer du tribut qu’il doit verser au tyran géant et cannibale Zoltan. Au cas où Rémy se défilerait, les opprimés ont quelques arguments convaincants et sanglants. A force d’aller et retour entre son monde et l’autre, Rémy se convainc qu’il n’est pas fou et acquiert moyen et assurance de devenir le roi-sauveur. Mais même les plus humbles peuvent avoir la folie des grandeurs.
Les deux mondes est un film au moins aussi gentil que son héros. Si côté réalité moderne, il ne pousse pas bien loin les implications parentales que suppose un divorce, côté primitifs, il édulcore simplement les implications d’une guerre sans pour autant éliminer les morts au combat. Des deux côtés, il évite de donner une vision un peu trop libertine de la sexualité. Bref, Les deux mondes est un film familial.
Il est toutefois très amusant de regarder un film français manier comme thématique secondaire le combat pour la liberté et contre la tyrannie. Secondaire parce que la personnalité de Rémy reste la principale préoccupation du film. Poelvoorde est très à son aise dans ce rôle de gentil qui en vient à piquer de grosses colères, mais Natacha Lindinger et Arly Jover, égarées on ne sait comment dans la comédie française, sont, elles, lumineuses.