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Dimension cités italiennes
dimanche 4 mars 2018, par
Hélène MARCHETTO, dir.
France, 2016
Black Coat Press, coll. "Rivière blanche", série Fusée, 360 p.
Après un Dimension Lino Aldani qui honorait un des grands auteurs de science-fiction de la péninsule, Dimension Cités italiennes nous offre de très beaux voyages, à la découverte de facettes insoupçonnées des légendaires villes italiennes à travers dix-huit nouvelles. Bien sûr, Venise la Sérénissime est la plus parcourue. Léo Lallot dévoile ses liens secrets avec les profondeurs lovecraftiennes (« Les épousailles de la mer »), Stéphane Croenne explore les expériences masquées de Vésale afin de mettre la main sur l’âme humaine. Yann Quero, pour sa part, nous brosse le portrait très réaliste d’une Venise d’après le réchauffement climatique, à travers le sort d’un mutant de l’industrialisation.
Sur Venise, Chantal Robillard se révèle originale. Son histoire s’articule en effet entre deux textes distincts, débutant par une variante sur le thème de Cendrillon (le poétique « I Merletti di Cenerentola ») pour finir par emporter Venise sur une lune de Jupiter ! La brève pièce de théâtre de Pierre Gévart, « Space Goldoni », immortalise de manière similaire la cité des doges, tout comme la version céleste de Fred Guichen dans « Dames mortes, aimables chevaliers ». Et quel texte ouvragé que « Le caladre blanc », d’Anne Larue, une histoire somme toute classique, celle d’un meurtre passionnel, mais écrite dans tous les éclats du sang et du verre fondu. La même signe également « Eternellement sérénissime », basé sur une excellente idée – la disparition de Venise à force de captures photographiques de son image –, mais dont le traitement se veut (trop ?) léger…
Sylvain Lamur, pour sa part, nous propose une vision de Tarente où les mots possèdent double sens et les traditions païennes longue vie ; singulière et touchante histoire que celle de ces étranges araignées et cette danse sans fin dont on ne sait laquelle ou lesquelles génère réellement la folie… « Toscane, nous voilà » de Gulzar Joby est assez inclassable, la Florence du futur, celui d’une Europe marginalisée et protégée par les maîtres asiatiques du monde, se voyant explorée par le team Crapaud, une bande de mercenaires que l’on aimerait retrouver pour d’autres aventures. La figure tutélaire de Dante plane sur deux beaux textes : « La colère de Béatrice », signé Marthe Machorowski, est un hommage très réussi à La Divine comédie, à travers une tragique histoire d’amour s’étant déroulée à Florence, tandis que « Azur », d’Estelle Faye, choisit Naples et Pompéi au début du XIXe siècle afin d’y peindre l’impossible deuil d’une idylle fracturée.
De tragédie, il est aussi question dans « Volterra, l’ombre brisée », qui prend un peu de temps pour s’épanouir, et dont le dénouement n’est pas sans se rapprocher, sur un mode plus grave, de la « Tarentelle » de Sylvain Lamur. Quant à Alex Evans, dans « Frontière », il a choisi un cadre fort intéressant, celui de la Trieste de 1913, alors partie de l’Autriche-Hongrie : il y déploie une histoire de magie et de sorcellerie qui perd en originalité ce qu’elle gagne en humanité. La nouvelle de Fabien Clavel est plus inclassable : « La journée des quatre empereurs » met en scène une Rome où les temporalités passées se chevauchent, tandis qu’un historien poursuit ses recherches sur un inconscient collectif atemporel… « Quando manducabimus ? », de Timothée Rey, s’avère moins frappant, son histoire de proto-zombies hantant les rues de Pompéi peinant à surprendre, tout comme « La course d’Agata » de Patrick Cialf, autour d’une expérience de magie noire menée par l’Eglise. Avec autant de textes de qualité, c’est un voyage aux multiples rebondissements que nous garantit Dimension Cités italiennes.
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