Accueil > CINECSTASY > U > UNDERWATER

UNDERWATER

Heaurreur !

dimanche 23 février 2020, par Maestro

William EUBANK

Etats-Unis, 2019

Avec Kristen Stewart, Vincent Cassel, T.J. Miller, Jessica Henwick, Mamoudou Athie, John Gallagher Jr., Gunner Wright.

De prime abord, voilà un film qui semble enfoncer des portes ouvertes et décliner des thématiques déjà vues par le passé, et souvent traitées avec brio. Ce long-métrage n’aurait-il donc de valeur que par son héroïne, jouée par Kristen Stewart, l’actrice phare de la série Twilight ? Il est vrai que son interprétation est intense et réussie, mais l’intérêt d’Underwater est heureusement pluriel, son réalisateur ayant prouvé qu’il adhérait à une science-fiction ambitieuse (voir son Space Time : l’ultime odyssée).

L’action se situe dans les profondeurs de la fosse des Mariannes, connue pour être l’endroit le plus profond des océans de notre planète. Une entreprise, Tian Industries, y a installé des installations de forage extrêmement perfectionnées, capables de résister aux pressions colossales qui s’y exercent (sans que l’on sache, à aucun moment, quelle ressource aussi précieuse justifie un tel investissement !). Parmi l’équipage de la station Kepler 822, Norah (Kristen Stewart), une jeune femme qui porte en elle un traumatisme palpable. D’emblée, le film débute par un accident touchant la station et mettant en danger son intégrité même. Norah et quelques autres survivants, dont le commandant (Vincent Cassel), se retrouvent et sortent de la station, équipés de combinaisons adaptées ; leur objectif : rallier une ancienne station désaffectée afin d’y trouver des capsules de survie susceptibles de les ramener à la surface (je ne suis pas un expert en physique, loin de là, mais je demeure étonné qu’une telle capsule puisse rejoindre la surface sans respecter le moindre palier de décompression…). Mais leur odyssée sous-marine va se heurter à l’apparition de formes de vie inconnues… et dangereuses !

On saisit d’emblée tout ce que le film doit à Alien, chef d’œuvre du genre de la science-fiction horrifique, mais là où William Eubank se révèle plutôt habile, c’est qu’il assume et revendique explicitement cette influence : pour preuve, lors du premier contact avec une des formes de vie jamais vues, le corps de la créature est ramené à l’intérieur et examiné, évoquant la scène parallèle dans le premier Alien. Underwater est ainsi parsemé de clins d’œil parlant aux connaisseurs, mais en dehors de cette dimension référentielle, il s’impose surtout comme un long-métrage redoutablement efficace. Les effets de la pression, la réalisation extrêmement immersive (lorsque Kepler 822 est envahie par l’océan, le spectateur ressent charnellement l’angoisse saisissant les occupants des lieux), l’obscurité régnant dans ces abysses, les interventions partiellement visibles des créatures, tout concourt à instaurer une ambiance pesante, étouffante. Enfin, la nature lovecraftienne de l’œuvre est une évidence, un plaisir lorsque l’on sait que les écrits de l’écrivain n’ont pas toujours eu droit à des traitements adaptés au cinéma. Ici, les créatures dérangées par l’intrusion de l’homme, et principalement celle qui les domine toutes, variante autour de Dagon ou Cthulhu, sont globalement réussies et proches de l’esthétique du mythe.

Si la morale politique voire philosophique du film tient sur du papier à cigarette – l’humanité, lobotomisée par les intérêts capitalistiques, s’en prend à la nature et suscite sa vengeance – et si la morale personnelle ne brille pas non plus par son originalité – blessée par la vie, l’héroïne se sacrifie pour permettre à un autre couple de s’épanouir – Underwater est néanmoins une réussite dans son genre, les éléments d’informations médiatiques diffusées à la fin du métrage, qui cultivent le secret pour le grand public, ouvrant clairement sur un avenir pessimiste et occulte.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?