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X-MEN : LE COMMENCEMENT
Shaw must go on
samedi 18 juin 2011, par
Matthew VAUGHN (1971-)
Etats-Unis, 2011, X-Men : First Class
James McAvoy, Michael Fassbender, Kevin Bacon, Rose Byrne, Jennifer Lawrence
On ne change pas une équipe qui gagne : tout le monde le sait. Alors pourquoi n’avoir pas repris un Bryan Singer volontaire pour Wolverine ? Ce dernier film ayant laissé une fadeur croissante dans la mémoire des spectateurs, il fallait changer une équipe qui perd. Avec X-Men : le commencement, c’est chose faite, et si Bryan Singer n’est pas derrière la caméra, il est devant le traitement de texte, tout comme pour les deux premiers X-Men et Superman Returns, quoique pas seul.
Dix-sept ans après la Seconde Guerre mondiale, Eric Lehnsherr traque l’assassin de sa mère, le Dr Schmidt, devenu Sebastian Shaw. L’agent de la CIA Moira MacTaggert s’intéresse aussi à Shaw, mais pour d’autres raisons. Son enquête l’amène à découvrir des êtres dotés de pouvoirs dont l’humanité n’avait pas connaissance jusqu’alors. Ironie du sort, pour crédibiliser son rapport auprès de ses supérieurs, elle va chercher en Angleterre Charles Xavier, jeune docteur en génétique, sans savoir qu’il est, tout comme sa soeur adoptive, Raven, un mutant. Rencontrant Lehnsherr dans une vaine tentative d’arrestation de Shaw, Xavier accepte l’offre de la CIA pour localiser, recruter et former des mutants afin de contrer Shaw dans ce qui se révèle être un complot pour déclencher une guerre nucléaire entre les deux grandes puissances. A Cuba, en octobre 1962, le monde est au bord de la catastrophe.
Les connaisseurs de la cosmogonie Marvel, rayon X-Men, seront sans doute au pire déçu par les transgressions faites à celle-ci par l’équipe du scénario. La chronologie est en effet sérieusement perturbée par l’introduction de mutants qui théoriquement se manifestent bien plus tard (Tempest, Havoc), alors que seul le Fauve, membre d’origine du groupe, apparaît, ou qui même disparaissent prématurément ou qui exercent des activités qui ne sont théoriquement pas les leurs comme Moira MacTaggert devenue agent de la CIA ne connaissant rien à la génétique (discipline pour laquelle elle obtient un prix Nobel dans la BD). Le film n’est assurément pas placé sous le signe de la fidélité aux Comics. En revanche, l’opposition des points de vue de Xavier et de Lehnsherr quant aux comportements à adopter par les mutants est parfaitement respectée. Les autres choix qui ont été faits se révèlent tous aussi très judicieux.
Du côté du scénario, l’idée de créer une histoire cachée mutante derrière des évènements majeurs réels, reprenant une idée de Wolverine, est ici parfaitement employée, même si cela entraîne quelques fautes logiques, comme l’évacuation en toute liberté des X-Men de Cuba après la crise, ou incongruités technologiques comme un SR-71 VTOL. Le choix de la crise de Cuba est beaucoup plus judicieux que l’incident de Threemilles Island. Associée à une assez bonne, quoique modeste, reconstitution de l’époque, et de multiples gadgets, la crise confère à X-Men : le commencement une atmosphère de James Bond que le spectateur ne parviendra pas à oublier sans pour autant se sentir frustré par l’absence de l’agent secret britannique. On a affaire avec ce nouvel opus à un scénario bien construit comme souvent dans les films réalisés par Matthew Vaughn.
Ce dernier dont le récent Kick Ass a assuré la promotion avait déjà fait ses preuves auparavant notamment au poste de producteur pour Guy Ritchie (Arnaques, crimes et botanique, 1998, Snatch, 2000). Sa réalisation pour X-Men : le commencement est parfaitement fluide et ajoute même une touche de reconstitution avec un jeu de cadres rappelant L’affaire Thomas Crown (Norman Jewison, 1968) lors des scènes d’entraînement de la jeune équipe X-Men.
Du côté des acteurs, l’on ne s’empêchera pas de trouver en James McAvoy, un professeur X trop euphorique ou insouciant à l’image du docteur qu’il incarnait dans Le dernier roi d’Ecosse (MacDonald, 2006). Les autres acteurs sont en revanche particulièrement bien choisis ou bien dirigés, avec une mention spéciale pour Rose Byrne dans le rôle de Moira MacTaggert.
Voilà donc un film de la saga X-Men qui alimentera les débats pour savoir quel est le meilleur du lot. Pour le plus mauvais, à l’heure actuelle, on sait déjà duquel il s’agit...