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Les premiers nés
samedi 1er septembre 2012, par
Arthur C. CLARKE (1917-2008) et Stephen BAXTER (1957-)
Grande-Bretagne, 2008, Firstborn
Bragelonne, 2012, 432 p.
Les Premiers-Nés clôt la trilogie entamée par les deux grands noms de la SF britannique avec L’œil du temps, et poursuivie dans Tempête solaire, une trilogie qui est aussi l’ultime témoignage littéraire de Clarke. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard si à bien des égards, ce roman fait figure d’hommage à l’œuvre du grand ancien, une œuvre mise au goût du jour grâce à la hard science de Baxter.
Dans les deux premières parties de l’intrigue, on retrouve en effet les fameux ascenseurs spatiaux des Fontaines du paradis, un voilier solaire proche de celui du Vent venu du soleil, ou une vie extra-terrestre qui serait comme l’échelon supérieur de celle d’Europe dans le cycle des Odyssées. Sans oublier bien sûr les Premiers-Nés, équivalent à la charge négative accrue des intelligences dissimulées derrière les monolithes noirs. L’action de ce troisième épisode prend place dix-neuf ans après les événements du second, lorsque Bisesa Dutt est sortie de son hibernation afin de solliciter son aide face à un nouveau danger qui menace l’humanité. Une bombe quantique, d’une puissance équivalente à celle qui fut à l’origine du big bang, fait en effet route vers la Terre, sans que l’on sache comment l’arrêter. Pendant que les autorités terrestres tentent de trouver une solution, en particulier via un vaisseau de guerre d’un nouveau type, propulsé par l’antimatière, Bisesa est enrôlée par les Spaciens et véhiculée sur Mars, où elle est confrontée à un des fameux œil, qui va alors la renvoyer sur Mir, cette reproduction de la Terre sous forme de zones issues d’époques différentes.
On le voit, Les Premiers-Nés referme la boucle en revenant à cette intéressante création, et plusieurs trouvailles sont plutôt bien vues. Il en est ainsi de la renaissance du culte du soleil invaincu chez une bonne partie des Spaciens, ou de l’impossibilité pour les Grecs antiques transplantés sur Mir d’intégrer en profondeur les apports de la modernité. Ce qui n’empêche pas le roman de laisser irrésolus certaines questions, ainsi de la nature des Martiens qui ont réussi à emprisonner l’œil, ou de celle, plus cruciale encore, des Premiers-Nés, voire des énigmatiques Derniers-Nés, qui laissent ouverte la possibilité d’une suite. L’impression d’un passage de relais entre deux générations d’écrivains ne fait en tout cas que se confirmer au fil de la lecture, et l’influence de Baxter transparaît sur deux points essentiels : la vision réjouissante d’un système solaire empli de vie, à l’image de l’univers mis en scène dans le second tome des Univers multiples, Espace ; la volonté probable des Premiers-Nés de conserver l’énergie de l’univers afin de préserver leur existence jusqu’à la fin de celui-ci, qui explique leur insistance à éradiquer toute forme de vie concurrente, un croisement partiel avec des problématiques préalablement abordées dans le cycle des Xeelees (et Espace de nouveau, qui voit se perpétrer des biocides).
Au final, loin de la trilogie à visée simplement commerciale, L’odyssée du temps propose un croisement plutôt réussi de deux imaginaires, même si la balance penche clairement du côté du plus jeune des duettistes…