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Oméga

samedi 23 novembre 2013, par Maestro

DESSIN : MAZA (1968-) [Pierre LAVAUD]

SCENARIO : Fred DUVAL (1965-), Jean-Pierre PECAU, Fred BLANCHARD (1966-)

Couleurs : Jean-Paul FERNANDEZ

France, 2013

Après quatre albums qui situaient leurs points de divergence dans l’époque moderne, et avant un quinzième titre qui remontera plus loin encore, Oméga prend place au XXe siècle, comme la majorité des épisodes de la série uchronique qu’est Jour J. C’est toutefois la première occasion pour les auteurs d’explorer une période quelque peu convenue dans le genre de l’uchronie, celle de la Seconde Guerre mondiale. Ils le font par ailleurs avec brio et originalité.

Dans cette trame alternative, les événements du 6 février 1934 ont effectivement débouché sur un coup d’Etat, amenant un pouvoir d’extrême droite à la tête de la France. Deux ans plus tard, ce nouveau pouvoir dictatorial n’a pas hésité à mener un bombardement massif sur la ville de Stuttgart en représailles des vélléités d’Hitler de reprendre possession de la Rhénanie, conduisant à l’éviction de celui-ci. Résultat, la Seconde Guerre mondiale n’a pas eu lieu, bien que Dollfuss ait profité de l’appel d’air suscité par la chute précoce d’Hitler pour s’imposer comme leader fasciste de l’Europe centrale. Au début de l’histoire décrite dans l’album, Antoine de Saint-Exupéry, vétéran de l’aviation française, disparaît dans la Manche, et les autorités soupçonnent son appareil d’avoir été abattu par les Britanniques. L’occasion rêvée de déclarer la guerre à la perfide Albion… Léo, ami de Saint-Ex, se retrouve plongé au cœur de ce casus belli, adhérant d’abord à la thèse officielle, avant de se retrouver mêlé aux actions de la résistance, et en particulier à la destinée d’un mystérieux message que Joliot-Curie cherche à transmettre à Einstein…

En dehors d’une statue de Jeanne d’Arc érigée par Arno Breker près de Calais, qui apparaît trop grosse dans tous les sens du terme, et d’un manque d’explicitations quant à l’absence de réaction populaire massive face au coup d’Etat (quid d’une situation à l’espagnole ?), Oméga est un album convaincant, efficace, souvent sobre et plein de justesse, à l’intrigue rondement menée, au cours de laquelle les figures illustres utilisées ne phagocytent jamais l’histoire générale. Les connaisseurs apprécieront de croiser George Albertini, anticommuniste affirmé, ainsi que l’hypothèse polémique du complot synarchique, défendue récemment par une Annie Lacroix-Riz, mais on regrettera l’absence de certaines personnalités, tel François Mitterrand. L’extrême droite française rejoue d’ailleurs une évolution à l’allemande, avec sa propre nuit des longs-couteaux (la nuit de la Cagoule), et anticipe d’une certaine manière sur les bombardements civils pratiqués par les deux camps durant la Seconde Guerre mondiale (voir Une histoire du bombardement de Sven Lindqvist). Visuellement, l’hommage rendu aux pilotes d’alors est également une jolie réussite, avec des combats aériens virevoltants.

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