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Lune rouge (2e partie)

dimanche 29 décembre 2019, par Maestro

DESSINS : Jean-Michel PONZIO (1967-)

SCENARIO : Fred DUVAL & Jean-Pierre PECAU

France, 2019

Delcourt, Série B, 58 p.

Dans le premier volet de cette trilogie, nous avions pu découvrir un segment temporel dans lequel l’URSS, loin de s’effondrer, avait colonisé la Lune en pionnière, y fondant un Goulag spatial. Le second épisode s’ouvre d’ailleurs par un exposé plus détaillé des événements expliquant cette divergence historique majeure. C’est la victoire des spartakistes en janvier 1919 qui a permis à l’URSS de conquérir l’ensemble de l’Europe – à l’exception du Royaume-Uni – et de fonder les RSSE (Républiques socialistes soviétiques d’Europe). C’est ainsi qu’avec l’expertise de Von Braun, l’URSS fut la première nation – et jusqu’au moment de l’intrigue, en 1984, la seule – à débarquer des hommes sur notre satellite. Ces explications sont bien sûr capitales, mais posent question sur plusieurs points : grâce à quoi les spartakistes ont emporté la victoire en janvier 1919, sachant que le contexte objectif ne leur était pas favorable ? Pourquoi cette victoire, celle du pays d’Europe alors le plus avancé économiquement, n’a pas influé sur l’évolution d’une URSS où Staline a pu arriver au pouvoir et le conserver comme si de rien n’était ? Il en est d’ailleurs de même pour les Fronts populaires et la guerre civile espagnole, nommément cités…

En ce qui concerne l’intrigue proprement dite, les enjeux se dévoilent dans toute leur importance. Babette, la journaliste déportée, est en réalité une activiste trotskyste de premier plan, opérant pour la IVe Internationale avec un objectif : déclencher une nouvelle révolution (la fameuse révolution anti-bureaucratique espérée par les trotskystes avant notre 1991) simultanément sur la Lune et sur Terre. Ceci dit, pour des clandestins aguerris, ces trotskystes alternatifs commettent quelques erreurs étonnantes : était-il prudent d’annoncer plus d’un mois à l’avance le déclenchement de cette révolution à tous les trotskystes déportés sur la Lune, connaissant les risques d’infiltration ? Est-il également sérieux que l’envoyé terrestre de la IVe Internationale se promène parmi des déportés chapeautés par la mafia, un badge de son organisation en poche ? On peut également regretter le manque de précisions quant au programme politique exact des trotskystes, dont un des membres présents semble être le fils de Cornélius Castoriadis (à moins que ce ne soit qu’un pseudonyme en forme de clin d’œil plutôt étonnant à un dissident trotskyste ?).

Tandis que Miki, le neveu du ponte de la mafia, cherche toujours à mettre Babette dans son lit, Félix, condamné pour contrebande de musique interdite (celle des Beatles, plus exactement !), et soucieux avant tout de neutralité et de tranquillité, est contraint de prendre parti. Au prix de plusieurs éliminations, et après une réplique décalée de L’Archipel du Goulag, la révolution programmée se déclenche, écho du Révolte sur la Lune de Robert Henlein, sans que l’on ne sache encore quel sera son impact… Mais toujours rien sur les autres puissances non soviétiques, qui semblent ne pratiquement pas exister, à l’exception d’un Royaume-Uni… uniquement musical. Un dernier mot sur le graphisme de Ponzio, privilégiant un rendu des personnages proche de la photographie, parti pris réaliste plutôt convaincant.

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