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Imbattable

dimanche 9 avril 2017, par von Bek

Scénario & dessins : Pascal JOUSSELIN (1973-)

Couleurs : Laurence CROIX

France, 2017

Dupuis, 48 p.

Cela fait déjà un certain temps que j’aurais dû parler d’Imbattable, sans doute le plus grand héros de BD qui soit. Après avoir valorisé le beau journal de Spirou, ses aventures viennent d’être réunies dans un album sorti pas plus tard qu’avant-hier, vendredi 7 avril, et intitulé Justice et légumes frais, premier d’une série que j’espère longue et toujours inventive.

Imbattable - nous tairons son identité secrète - ne paye pas de mine. Pas de biceps ou de pectoraux saillants, pas de costume moule-burnes en lycra qui gratte pas plus que d’armure intégrale façon boîte de conserve, mais un costume jaune recouvrant un ventre quelque peu proéminent, une courte cape noire comme le masque qui lui dissimule le haut du visage. Imbattable n’est pas soumis aux lois physiques de la BD : alors que son monde est une succession de cases qui sont autant de fenêtres ouvertes par lequel le lecteur saisit une scène et dont les personnages ne sont pas conscients de s’exprimer par bulle, Imbattable seul a le pouvoir de regarder la page de la BD, de passer d’une case à une autre adjacente et mieux encore, ce qu’il tient l’accompagne. Qu’au deuxième strip de la première page, une mère et son fils s’égarent dans une ruelle sordide où deux malfrats veulent les dépouiller et Imbattable leur tombe sur le dos, surgi de nulle part, mais en fait du strip supérieur d’où il a assisté à la scène.

Autant dire qu’Imbattable voyage dans le temps et l’espace de la page, qu’il prévoit l’avenir, que pour lui les lois du voyage dans le temps n’existent pas car il peut être en deux exemplaires dans la même case... Il est la négation du paradoxe temporel quand il retrouve un tableau volé tout simplement en se parlant à lui-même quand il est dans la case inférieure dans la case inférieure ce qui se passe en bas de la page. Pour le plus grand régal du lecteur, il déjoue ainsi pendant 48 pages, ici les mauvaises intentions du savant fou, là involontairement les magouilles d’un maire peu scrupuleux.

Mais Pascal Jousselin a fait encore plus fort : il a aussi créé des personnages qui jouent avec la nature même de l’objet qu’est un album de BD. Two-D Boy est un apprenti super-héros, admirateur d’Imbattable, qui a le pouvoir de nier la convention que représente la perspective : autrement dit, ce qui est dessiné en arrière-plan est pour lui au premier plan et le dessin n’a pas de profondeur. Cochonnet est un vieux monsieur, colérique mais pas méchant, dont les bulles sont physiquement présentes. Le farceur, super-vilain de son état, est un trans-page : il peut traverser la page pour aller dans la page qui est de l’autre côté.

Génial je vous dis.

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