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MORTAL ENGINES

dimanche 27 février 2022, par Maestro

Christian RIVERS (1974-)

Etats-Unis / Nouvelle-Zélande, 2018

Avec Robert Sheehan, Hera Hilmar, Hugo Weaving, Leila George, Ronan Raftery, Jihae.

Réalisé sous le parrainage de Peter Jackson, qui est d’ailleurs crédité au scénario adapté du roman de Philip Reeve, et doté d’une empreinte visuelle forte, Mortal Engines avait a priori tout pour réussir. Là ! Sa sortie au cinéma, dans un temps pré-covid, fut un four.

Le métrage s’inscrit dans le genre post-apocalyptique, sur une Terre jadis ravagée par la guerre de soixante minutes, durant laquelle les bombardements nucléaires furent remplacés par des explosions quantiques. Ce n’est de toute façon qu’un prétexte pour expliquer la mise en place d’un ordre dual. D’un côté, des villes mobiles, qui nomadisent afin de trouver les ressources qui leur sont nécessaires ; de l’autre, des sédentaires, dont les plus nombreux semblent protégés par une immense muraille. Une déclinaison de la fameuse opposition entre civilisés urbains et barbares mobiles mise en exergue par Ibn Khaldoun. L’action débute dans la ville de Londres, alors qu’elle capture une petite communauté nomade afin d’intégrer de force sa population. Nous y découvrons Tom, un jeune historien, et son élève Katherine, fille d’un des proches collaborateurs du maire de la métropole. Assistant à l’assimilation de la communauté capturée, ils sont spectateurs de la tentative d’assassinat perpétrée par Hester, nouvelle venue, contre Thaddeus, le père de Katherine. Après une poursuite sans répit, Hester et Tom se retrouvent finalement éjectés de l’organisme urbain. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ils vont tenter d’échapper à mille périls, tout en rejoignant les rangs des anti-tractionnistes.

Ce qui impressionne d’emblée dans Mortal Engines, c’est l’esthétique de ces gigantesques villes mobiles, évoquant en partie le roman de Christopher PriestLe Monde inverti. Londres juxtapose ainsi des architectures et des styles bigarrés, offrant un résultat visuellement baroque, aux accents rétro-futuristes marqués, qui n’est pas sans évoquer Brazil. Les véhicules plus modestes, que ce soit par leur intérieur ou leur apparence extérieure, se rapprochent furieusement d’un esprit steampunk. Et que dire de la prison en haute-mer, en forme d’araignée métallique, de Port-Eden, fragile structure aérienne, ou du superbe aéronef rouge de l’opposante anti-tractionniste ? Le moins convaincant a trait au scénario et à ses personnages. Ces derniers suivent en effet des modèles archétypaux trop appuyés : Tom, aux origines modestes, qui va connaître un parcours initiatique susceptible de le hisser vers les sommets (pas seulement au sens métaphorique ici) ; Katherine, la jolie privilégiée qui s’interroge sur les objectifs de son père, prototype du savant fou ; Hester, enfin, la rebelle pourchassée par un Traqueur, tueur cyborg. Tous relèvent d’une forme de manichéisme assez patent, écartant tout ce sens de la nuance que la trilogie du Seigneur des anneaux avait mieux réussi à respecter. Paradoxalement, c’est le plus éloigné des humains organiques qui se révèle le plus touchant, lors des flash-backs concernant son repaire et sa passion pour les automates et autres marionnettes.

Le film se termine par une séquence d’affrontement qui évoque très – trop – fortement la bataille finale de l’épisode IV de Star Wars, Londres remplaçant ici l’étoile de la mort avec son arme quantique susceptible de détruire un monde. Et que dire de cet affrontement au sommet effectué à l’épée, à la fois artificiel et grossier ? Reste une conclusion ironique, où ce sont les anciens dominés par l’impérialisme (Inde et surtout Chine) qui sauvent les survivants de l’ancienne métropole britannique…

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