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MACISTE CONTRE LE CYCLOPE
dimanche 31 juillet 2022, par
Antonio LEONVIOLA (1913-1995)
Italie, 1961, Maciste nella terra dei ciclopi
Avec Gordon Mitchell, Chelo Alonso, Vira Silenti, Aldo Bufi Landi, Dante Di Paolo.
Pour ceux qui ne le connaitraient pas, Maciste est un héros italien né au début du XXe siècle de l’imagination du futuriste Gabriele D’Annunzio, qui connut au cinéma deux périodes fastes, l’entre-deux guerres et les années 1960-70. Maciste contre le cyclope s’inscrit dans ce renouveau, demeurant fidèle à un certain classicisme du péplum.
L’intrigue débute par le désir de revanche de Polyphème et de Circée contre Ulysse, transmis aux descendantes de la magicienne. Les hommes de la sorcière Capys sont en effet sur le point de mettre fin à la lignée du héros, mais son ultime héritier, un bébé, parvient à être confié aux mains robustes de Maciste. Première incongruité, Maciste, censé résider dans les montagnes, est découvert à l’écran comme échoué sur la grève… Pas de panique, défenseur de la veuve et de l’orphelin – donc parfaitement à l’aise dans le contexte de ce long métrage – il va prouver la valeur de sa musculature aussi glabre qu’imposante en affrontant un lion menaçant le bébé, motif évocateur de son cousin en puissance Hercule. « Fils des montagnes », Maciste est une sorte de Conan plus simple et naïf, croisé avec Jésus pour son amour du bien.
Toutefois, le scénario a l’intelligence d’éviter un manichéisme trop outrancier. Ainsi, Capys, la reine cruelle, est présentée comme prisonnière elle aussi de la malédiction, qui lui interdit d’aimer. Sa rencontre avec Maciste dans l’antre de la sybille, sans que le colosse ne sache qui elle est réellement, a dès lors valeur d’une possible rédemption future. Par contre, l’intervention de Maciste arrivant à temps pour sauver un soldat de Capys, coincé sous un chariot, frise le ridicule : l’homme s’était glissé dessous et y était demeuré, alors que ses acolytes tentaient de soulever le véhicule avec un madrier bien fragile ! Il faut dire que les occasions de démontrer la force surhumaine dont est doté Maciste ne manquent pas : transport d’une jarre tellement énorme qu’on se demande comment elle aurait pu être déplacée sans lui ; combats souvent expéditifs contre des adversaires le surpassant en nombre ; écartèlement d’une grille de prison ; jet d’un rocher contre des cavaliers ennemis ; jusqu’au remplacement d’un équipage de rameurs au grand complet…
Point culminant, lorsque Maciste, capturé, est suspendu en équilibre au-dessus d’une fosse aux lions, tiré de deux côtés opposés par des groupes de neuf hommes. Le dénouement du film voit le bébé être finalement capturé par le soupirant de la reine Capys (un des sommets du triangle amoureux, donc) et jeté en pâture au cyclope, afin de briser la malédiction pesant sur la souveraine, tandis que Maciste et cette dernière tentent de l’en empêcher. Bien que le montage soit souvent trop abrupt, et les décors limités (avec un palais inspiré de l’architecture minoenne), on ne peut reprocher à Maciste contre le cyclope de manquer de rythme et de rebondissements, au contraire !
Quelques passages obligés des péplums – la scène des danseuses ou celle des rameurs rythmés par le tambour – mis à part, Maciste contre le cyclope demeure donc un divertissement honorable, à l’exception du combat final. Outre le fait que le cyclope n’est jamais filmé en plan large avec Maciste, limite des effets spéciaux mis à contribution, on ne comprend pas comment l’œil de Polyphème a pu repousser depuis sa confrontation avec Ulysse !