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Transparence

dimanche 3 novembre 2019, par Maestro

Marc DUGAIN (1957-)

France, 2019

Marc Dugain n’est pas ce que l’on peut appeler un habitué des pages de revues ou de blogs de science-fiction, puisqu’il est surtout connu pour ses romans historiques, dont certains adaptés sur grand écran (La Chambre des officiers) – lui-même étant également réalisateur. Transparence représente donc sa première incursion dans le domaine de la science-fiction – pardon, de l’anticipation, restons polis ! Ce roman constitue d’une certaine manière le pendant fictionnel de l’essai qu’il avait publié avec Christophe Labbé en 2016, L’Homme nu. La dictature invisible du numérique.

L’intrigue se déroule au mitan du XXIe siècle, nouée autour d’une quinquagénaire fondatrice d’une start-up à succès, et architecte d’un bouleversement sur le point de transformer l’humanité. Le hic, c’est que la police islandaise l’accuse d’avoir aidé une femme à se suicider… une femme qui n’est autre qu’elle-même ! Ce qui rend Transparence immédiatement pesant, c’est la place bien trop conséquente accordée à de purs développements didactiques, tenant davantage de l’essai que du roman proprement dit, et marginalisant une intrigue humaine relativement froide et distante. Certes, Marc Dugain se fend de quelques analyses plutôt acérées sur l’évolution de nos sociétés numérisées. Il décrit ainsi une civilisation du risque zéro, à la surveillance généralisée et consentante. Les grandes entreprises du numérique, à commencer par Google, ont même négocié la mise à disposition de toutes les données personnelles possibles en échange d’un revenu minimum. Par ailleurs, les citoyens peuvent être plus largement consultés grâce au numérique, mais ils sont en réalité manipulés dans leurs choix, le véritable pouvoir demeurant aux mains des élites économiques. Dans ce futur proche, la destruction de l’environnement s’est poursuivie, provoquant une fuite de certains vers le nord de la planète, tandis que les inégalités ne cessaient de se creuser.

On ressort de la lecture de Transparence en proie à un certain malaise. D’abord du fait de ce tableau exclusivement négatif et déprimant de notre avenir. Les individus sont acculturés, dépourvus de toute pensée autonome, aux 2/3 obèses pour ce qui est des Occidentaux (sic), leur existence se réduisant à combattre l’ennui, sans sens ni finalité profonde. Il n’est pas jusqu’à l’art et même la lecture et l’écriture qui se sont pratiquement évanouis ! Un tableau bien excessif et caricatural, qui dessert les vraies bonnes idées ou analyses pertinentes (et il y en a). Ensuite, devant la double impasse du transhumanisme, défendu ici par Google et consorts, mais aussi de l’alternative proposée par la personnage principale du livre. Non seulement elle offre une immortalité sous condition, l’esprit de la personne reproduit grâce aux données dans un corps artificiel, vision tout aussi gnostique que celle du transhumanisme ; mais elle instaure autour une nouvelle religion, un nouvel opium, seul moyen apparent d’espérer faire prendre à l’humanité une autre voie, plus équilibrée… Quel pessimisme sur la nature humaine !

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