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Retour à la Terre 1
samedi 19 juillet 2008, par
Jean-Pierre ANDREVON (1937-), dir.
France, 1975
Premier volet d’une série qui allait en comprendre trois (quatre si on y ajoute Avenirs en dérive chez Kesselring, pensé initialement comme un volume supplémentaire), Retour à la Terre, préfacé par Andrevon, repose sur un sujet simple : imaginer ce que des humains de retour de l’espace profond découvriraient sur une Terre redevenue verte. Un présupposé clairement influencé par l’écologie, donc, ainsi que le déclare le coordinateur lui-même dans sa préface. Pourtant, à la différence du Retour à la Terre 2, l’engagement militant est ici encore prudent, limité : « La S.F. de papa a cédé le pas à la S.F. de fiston, une S.F. chevelue, contestataire, lucide, plus terre à terre (…), une S.F. qui devient de plus en plus (je parle de la bonne, bien sûr !) le vecteur des idées écologiques, des combats écologiques… Je ne veux pas dire que les textes ici présentés soient « engagés » dans cette direction ; je veux simplement dire qu’ils l’annoncent, qu’ils possèdent une coloration qui sera bientôt celle de tous les récits majeurs d’une science-fiction qui est en train de tourner sa veste (…) » (p.11).
Cinq textes sont au menu, sans d’ailleurs que tous ne respectent le sujet initial. Daniel Walther, avec « Le petit chien blanc qui rôdait seul dans les rues de la ville déserte », dans un style alambiqué qui n’appartient qu’à lui, nous montre une nature redevenue maîtresse absolue de la planète, et qui n’a que haine pour les humains de retour, une haine inextinguible et destructrice. « Où se peigne la pluie aux courbes des ombrelles », de Pierre Marlson, décrit également des végétaux tueurs, mais la dystopie souterraine qu’il imagine, société bloquée et condamnée devenue dépendante des organismes qu’elle a créée pour régénérer la Terre, véritable inversion de la vision d’un Wells, manque quelque peu d’originalité. Francis Carsac, de son côté, dans « Tant on s’ennuie en utopie », propose une autre dystopie, un monde clos, uniforme, sans génie, où le travail est réduit et l’expression artistique de chacun sans limite, à condition d’ingérer des drogues en permanence pour tromper l’ennui… Un message qui frise la réaction, d’autant que la découverte de cette société terrestre de l’avenir sert avant tout aux protagonistes, d’une part à obtenir une femme pour le capitaine, d’autre part à mettre fin au conflit chronique qui ensanglante la galaxie entre humains… blancs et noirs !
Philippe Curval et Jean-Pierre Andrevon se font plus tragiques. Le premier avec « Adamève », terrible destin d’un être adapté aux nouvelles conditions de vie sur Terre suite à une catastrophe cosmique, mais terriblement seul, ne trouvant d’épanouissement sexuel qu’en communion avec la nature végétale, tout un symbole. Le second, dans « Le vallon », met en scène sa crainte récurrente d’un embrasement nucléaire, avec une description terriblement impersonnelle d’un astronaute mis en orbite afin d’appuyer sur le bouton fatidique, condamnant au passage l’impérialisme des Etats-Unis ; sa mise en parallèle de cette vision d’horreur avec une nature bucolique et des amants (presque) innocents rend le contraste presque surexposé, et anticipe d’ailleurs sur la problématique de son roman Le désert du monde, paru deux ans plus tard.