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Mort virtuelle et autres contes fantastiques
dimanche 22 décembre 2019, par
Guillaume ROOS
France, 2015
Nestiveqnen, coll. « Fractales / Fantasy »
Comme elles l’avaient fait pour le livre d’Alain Delbe, Le Complexe de Médée, les éditions Nestiveqnen ont décidé de scinder l’ouvrage papier de Guillaume Roos, jeune auteur des littératures de l’imaginaire, La Légende de Billy Ray, en deux parutions numériques distinctes. Mort virtuelle propose donc huit nouvelles, loin d’ailleurs de relever pour toutes du fantastique.
« La mort d’Alexandre Boleskine » est une actualisation du mythe grec de Tithonos – l’espoir de l’immortalité traité à la façon des dieux – croisé à celui de Faust – la tentation de surpasser ses semblables. Le personnage principal, un financier à la psychologie un peu sommaire, va en effet céder à la tentation d’échapper à la mort, pour découvrir un sort plus funeste encore… « Un chat de jade blanc » fait preuve de davantage de rouerie, cette histoire de cambriolage chez un riche collectionneur ayant de prime abord toutes les apparences du fantastique, avant que le dénouement ne dévoile un propos relevant plutôt de l’anticipation. Habile.
« Contagion » est particulièrement rythmé, et son sujet s’apparente en grande partie à un Pacific Rim onirique, ces chimères venant d’un monde parallèle et s’introduisant dans le nôtre via les rêves, avec une fin assez effrayante. « Au-delà du désert » est très court, et ressemble à une description de ce à quoi pourrait ressembler l’enfer. « Mort virtuelle » peut être lu comme une critique des émissions de télé-réalité, ici grossies jusqu’à l’extrême, mais aussi bien le labyrinthe qui en est le cadre que le dénouement ont déjà été traités par d’autres auteurs.
« Sauvetage » souffre des mêmes défauts. La reprogrammation effectuée par une intelligence artificielle visant à améliorer la résistance humaine et ne générant en réalité que des zombies manque d’originalité, son déroulement dans une colonie martienne n’apportant strictement rien à l’intrigue. « Seul » aurait pu donner un scénario intéressant de Twilight Zone, jadis, mais en l’état, il demeure un peu frustrant, trop vite expédié, en somme. Quant à « Parole de dragon », il s’agit de la seule incursion du recueil dans la fantasy, mais dans une déclinaison déjà vue, celle des créatures féériques chassées du monde par son industrialisation.
En fait, Mort virtuelle et autres contes fantastiques ne parvient pas vraiment à se distinguer, ni par sa prose, ni par ses thèmes, qui manquent globalement de surprise (seul « Un chat de jade blanc » se distingue, selon moi, et on peut également retenir « Contagion » de par son efficacité réelle, voire « La mort d’Alexandre Boleskine », avec sa chute glaçante). Alain Delbe, que nous citions en ouverture de cette critique, mérite pour l’heure davantage d’attention…