Le serment de feu (Almoha, 2^ème partie)

Serge BRUSSOLO (1951-)

France, 2000-2009

Bragelonne, 2012, 288 p.

À la fin du premier tome d’Almoha, La Muraille interdite, Nath, monté à bord d’une fusée, était parti direction la Terre. Mais sa planète natale a toujours le dernier mot. Pour preuve, l’astronef rencontre des problèmes l’obligeant à s’écraser sur Almoha. La procédure de réparation se met alors en marche, mais Nath doit encore attendre quatre années avant de pouvoir profiter de ses résultats ! Débute alors l’exploration d’une région inconnue de son monde, un écosystème à part entière.

Vingt ans auparavant, en effet, une météorite, fragment d’une autre planète, s’est écrasée ici, modifiant en conséquence son environnement. La chaleur et le feu se sont mis à opérer moult transformations, autant de rencontres scandant le voyage de Nath : fantômes de cendres, cailloux emplis d’une eau seule capable de faire survivre les humains ordinaires, cow-boys tueurs à la chevelure de flamme, individus pétrifiés mais dans lesquels subsistent une étincelle de vie, sable devenu miroir dans lequel se mirent de nouveaux Narcisses… Nath bénéficie également de la compagnie d’Anakata, une jeune femme en pinçant pour lui, mais aussi de Sigrid sous la forme d’un pur esprit, et même de Neb Orn, devenu un alter égo de la Chose.

L’imaginaire de Brussolo métamorphosant les corps joue ici à plein, d’autant que l’ensemble des péripéties s’inscrit dans un cadre spatial harmonieux, et dans un contexte géopolitique intéressant. Le seul roi humain des lieux a en effet mis au point un pipeline destiné à verser les réserves d’eau sur la météorite, mais ce projet risque fort de provoquer la destruction d’Almoha toute entière. Le lecteur, à l’instar de Nath, est ainsi amené à s’interroger sur la nature du conflit en cours, et sur la légitimité des uns et des autres. Les extra-terrestres de feu ne sont-ils pas, finalement, de simples réfugiés rejetés par les humains par déficit de dialogue ? La seconde partie du roman conte l’après-catastrophe, lorsque la zone soumise au rayonnement de la météorite se voit réoccupée par l’élément liquide. Le village où Nath et ses compagnons ont élu domicile se retrouve être la cible d’un vaisseau extra-terrestre, dont les occupants sont des vampires d’un genre nouveau : au lieu de pomper le sang de leurs victimes, ils en extraient la chaleur.
Toutefois, l’une de ces guerrières est lasse de siphonner la vie des êtres et des planètes parcourus, et ne demande qu’à être châtiée. C’est là que Nath va pouvoir jouer un rôle, échappant aux maléfices du navire arc-en-ciel grâce aux émanations de la météorite encore active en sous-sol. Soyons honnêtes, si la première moitié du Serment de feu est une indéniable réussite, la seconde s’avère nettement moins fantasque et inventive. Reste un roman se situant dans la moyenne des productions de Brussolo.