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Lune rouge (1ère partie)

dimanche 30 juin 2019, par Maestro

DESSINS : Jean-Michel PONZIO (1967-)

SCENARIO : Fred DUVAL & Jean-Pierre PECAU

France, 2019

Delcourt, Série B, 58 p.

Il n’avait plus guère été question, dans la série Jour J, de Russie soviétique depuis certains des tous premiers albums : Les Russes sur la Lune, bien sûr, qui avait lancé en fanfare ces BD uchroniques, puis Paris secteur soviétique, avant que la guerre froide ne laisse place à la révolution bolchevique dans le diptyque Septembre rouge / Octobre noir. Fred Duval et Jean-Pierre Pécau n’ont d’ailleurs pas fait les choses à moitié, puisque Lune rouge inaugure une trilogie. L’intrigue se déroule en 1984, à une époque où pratiquement toute l’Europe est soumise au modèle de l’URSS. Dans cette réalité alternative, les opposants sont expédiés sur la Lune afin d’y extraire des ressources énergétiques vitales. C’est le cas du trio de personnages principaux, une journaliste ayant fait l’apologie de la musique des Rolling Stones, un contrebandier bien sympathique, prototype du gendre idéal, et un membre de gang peu commode. Tous se retrouvent sur la Lune, après un passage par une station orbitant notre satellite et un ascenseur spatial pour y descendre. Particularité de ce bagne, une forme d’autogestion par les gangs, sorte de coexistence pacifique avec les services de sécurité soviétique qui peut laisser en partie dubitatif…

Disons-le franchement, Lune rouge ne brille pas, pour l’heure, par son originalité. Passons rapidement sur le choix fait d’une URSS incarnant une nouvelle fois l’empire du mal, pour nous centrer sur l’idée d’un bagne lunaire : Robert Henlein (Révolte sur la Lune), Johan Heliot (La Lune seule le sait), entre autres, ont déjà décliné cette idée, et Meddy Ligner dans la nouvelle « Marslag » (in Dimension Système solaire) imaginait un goulag sur la planète rouge. Une autre influence directe est également perceptible : celle du film Moon, réalisé par Duncan Jones, le fils de David Bowie. La Lune, dans l’album, sert en effet à extraire l’hélium 3, source d’énergie fantastique, et les stocks sont envoyés sur Terre via une fronde, comme dans le long métrage. Il y a sans doute, dans cette accumulation de clins d’œil – citons également le nom du « héros », Félix Ardan, évocateur du roman de Jules Verne De la Terre à la Lune – une volonté de rendre hommage à toute la mythologie « lunaire », l’année même du cinquantenaire du premier pas de l’homme sur notre satellite.

Pour le moment, dans le cadre de cet album inaugural, peu de choses nous sont révélés quant à l’origine de cette chronologie alternative. Von Braun est passé du côté soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais cela ne suffit évidemment pas à expliquer l’éventuelle supériorité de l’URSS face aux Etats-Unis. Supériorité, puisque la sphère d’influence soviétique inclut l’Europe moins le Royaume-Uni, jusqu’à l’Afrique du nord, sans que rien ne nous soit dit sur le reste du continent noir, l’Amérique, le reste de l’Asie ou l’Océanie. On peut imaginer que des éléments supplémentaires nous seront révélés au fil des deux albums suivants, mais en l’état, il est difficile de comprendre comment le régime a pu se durcir à ce point, puisque dans l’URSS de Brejnev, déjà, le goulag appartenait en grande partie au passé. De même, il semble peu économique de transporter tous les dissidents – et ils semblent nombreux – sur la Lune, au vu du coût d’un vol spatial…

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