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MONSTERS

samedi 11 décembre 2010, par von Bek

Gareth EDWARDS (1975-)

Grande-Bretagne, 2010

Whitney Able, Scoot McNairy

Encore une histoire d’invasion extra-terrestre ? Non pas tout à fait. Le premier film de cinéma de Gareth Edwards est un film romantique, social et écolo que l’on dissimule sous un marketing de film d’action barroudeur, mais comme ce n’est pas la meilleure étiquette pour le vendre en France, les diffuseurs ont partiellement revu leur copie, pardon leur affiche, pour ce pays et ont adopté un ton plus en conformité avec le contenu. Explications.

Six ans après l’écrasement dans le nord du Mexique d’une sonde spatiale américaine, les souches biologiques qu’elle rapportait ont proliféré pour donner naissance à une espèce animale gigantesque aux allures de croisement entre la pieuvre et l’araignée dont les mouvements migratoires n’ont que faire des implantations humaines. Incapable d’éradiquer la nouvelle forme de vie, les autorités ont transformé le nord du Mexique en zone contaminée et l’armée américaine entreprend de confiner les monstres à cet espace tandis que la frontière américano-mexicaine est devenu un véritable rempart. Dans cette situation, le photographe Andrew Kaulder, en quête pour son journal d’une photo qui lui rapportera fortune et gloire, est chargé de ramener en sureté aux Etats-Unis la fille de son patron alors au Mexique pour une raison inconnue. Voulant éviter de traverser la zone - bizarrement l’idée du vol n’est venu à personne, sauf peut-être au scénariste qui espère que ses spectateurs n’y auront pas pensé -, Kaulder doit escorter la demoiselle jusqu’à la côte est où elle doit prendre un ferry dont le billet coûte les yeux de la tête (soit 5000$ sur n’importe quel marché anthropophage ; pour les yeux d’une autre partie du corps faut se rendre sur une autre planète et c’est plus cher !). Seulement voilà, ne parvenant pas à amener la belle à coucher, le garde du corps amateur lève la première fille venue et se fait barboter billet et passeport. Voilà les tourtereaux en puissance contraints de se taper le chemin à travers la zone contaminée moyennant finance pour être guidés (10 000$ ! Encore plus cher que le Ferry ! Pas étonnant que les gens préfèrent le bateau !). La balade risquée qui va les rapprocher singulièrement !

On aura compris que le scénario peine à trouver une raison anodine pour que des quidams se décident à traverser une zone dangereuse. Pour bien faire comprendre que le photographe est un risque-tout qui s’ignore ou un looser diplômé, le scénariste fait descendre ses héros d’un train inopinément contraint de s’arrêter au milieu de nulle part et en pleine nuit. Fort heureusement, le couple bénéficie de l’hospitalité et de la générosité d’une pauvre famille mexicaine totalement désintéressée. Preuve finale que le réalisme n’encombre pas toujours le scénario, l’aventure se déroule dans une jungle qui a peu de chance de se trouver dans le nord du Mexique et finit par échouer sur un temple construit juste en face de la frontière, sans doute par le syndicat d’initiative maya ou aztèque en prévision des évènements !

Passé ces considérations rationnelles et géographiques, que reste-t-il ? Monsters est un film qui met l’accent sur la personnalité de ses héros et leurs problèmes familiaux : la fille à papa est fiancée mais doute suffisamment de ses sentiments pour vendre sa bague de fiançailles contre un passage ; le photographe est le père naturel d’un enfant sur lequel on lui reconnaît peu de droit. Ces deux âmes blessées - n’allons pas jusqu’à dire écorchées - vont pouvoir panser ensembles leurs sentiments.

Ce mélo s’accompagne d’une espèce de road movie marqués d’épisodes dramatiques destinés à faire frémir le spectateur : une panne de moteur, une attaque des monstres, le côté américain de la frontière dévasté. Pourtant, les monstres ne servent pas seulement à pimenter mais incarnent aussi un message écolo et social. Ecologique parce qu’il constitue une espèce animale qui s’est adapté à son milieu et dont le cycle est perturbé par l’activité humaine. Un court passage de documentaire sur les méduses vient établir un parallèle entre les espèces. Malheureusement Gareth Edwards n’a pas cru bon d’enrichir l’imaginaire du film par une étude plus poussée de cette nouvelle forme de vie. Social parce que les monstres ne sont en fait qu’une métaphore sur l’immigration aux Etats-Unis et une dénonciation de la construction d’un mur frontalier, doublé d’un message très original sur le droit à la différence.

Monsters est assurément un film différent qui se veut réaliste non seulement dans sa forme, à l’instar d’un District 9, mais aussi dans son fond. Malheureusement différent ne fait que rimer avec palpitant et son réalisme se perd dans l’illogisme.

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