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33e itération

samedi 29 décembre 2012, par Maestro

Yvan BIDIVILLE

France, 2012

Black Coat Press, coll. "Rivière blanche", 282 p.

ISBN : 978-1-61227-132-3

Nouveau venu dans le flot tempétueux de la Rivière blanche, Yvan Bidiville signe un premier roman aussi frappant que prenant. L’action se situe dans une Suisse aux tendances politiques légèrement grossies. En 2035, en effet, le pouvoir est plus que jamais de droite extrême, les musulmans incarnant sans nuance l’adversaire par excellence. En cet été caniculaire, le pays est soumis à deux tourmentes fort différentes. Un tueur en série baptisé l’usurpateur opère ainsi depuis plusieurs semaines, exécutant un certain nombre de figures du milieu technologique en prenant l’identité d’innocents. L’autre source d’agitation est celle de l’opposition d’une partie de la population, jeune pour l’essentiel, mobilisée contre le développement des implants cérébraux.

Il faut dire que la Suisse est devenue un des avant-postes de la technologie la plus moderne, proposant des implants qui ont pour effet d’orienter leurs hôtes vers des issues relationnelles moins conflictuelles tout en leur proposant des informations en temps réel et un surplus de mémoire. Dans ce monde qui échappe de plus en plus au contrôle des citoyens, un inspecteur de police noir et drogué, Siegfried, tente de remonter la pente et de sauver sa carrière en menant son enquête à la recherche du fameux usurpateur. Il peut pour cela compter sur le soutien indéfectible de sa partenaire, Camilla, et sur les stimuli que lui apporte l’ingestion de ses divers psychotropes. Il faut dire que Siegfried fait partie de la première génération d’implantés, les Delta, qui subissent des effets secondaires seulement corrigés par des drogues, entraînant une inévitable addiction. Mais Siegfried et sa partenaire vont devoir faire face à des investigations qui piétinent et à la concurrence de l’enquête menée par deux détectives privés, Jonze et Garnier.

33e Itération scotche d’abord par son ton, son style volontairement cru, direct, transpirant voire suintant : Siegfried est un parfait anti-héros, dont le parcours s’apparente à une véritable course d’obstacles, parmi lesquels les avances sexuelles d’une mineure de treize ans sont ne sont pas un des moins dangereux. Surtout, l’alternance de chapitres entre les recherches respectives de Jonze et de Siegfried ainsi que les visions de ce dernier s’inscrivent dans le droit fil des questionnements sur la réalité chers à Philip K. Dick. Ce gage d’un suspens assez intense se double d’une réflexion critique sur la technoscience et les dangers des nanotechnologies mises au service de firmes privées et d’un contexte politique sécuritaire (on pense aux pamphlets du collectif Pièces et Main d’œuvre). La figure de l’usurpateur en est l’incarnation parfaite, portant un masque que seuls les indigènes (sic) sont capables de percevoir, une des meilleures idées du roman.


Pour commander 33e itération suivez le lien vers les éditions Black Coat Press !

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