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Récits chtoniens

samedi 22 juin 2013, par Maestro

Scott David ANIOLOWSKI (sdd)$

Etats-Unis, 1997

Oriflam, coll. "Nocturnes", 1999, 256 p.

Ces Récits cthoniens sont en fait la traduction française d’une anthologie réalisée en l’honneur de Brian Lumley. Trois textes du maître sont d’ailleurs inclus : « Un monde de béton », jolie réussite sur la thématique des Cthoniens, déjà édité dans plusieurs recueils (Compartiment terreur ou La Chose des ténèbres) ; « Spaghettis », une histoire de maison hantée qui parvient avec brio à insuffler une ambiance inquiétante à souhait, mais dont le dénouement frise en partie le ridicule ; et un bref poème anecdotique, « La Cité hors du temps ».

Les onze nouvelles inédites déclinent certaines des contributions les plus notables de Lumley à la mythologie cthulhoïde. On retrouve ainsi les Cthoniens dans « Infiltration », un récit très classique, sinon scolaire, dans « Accident de métro », brève histoire qui vaut surtout par sa chute frappante, ainsi que dans « Les Vers siffleurs », qui ressemble en partie à « Un monde de béton » avec sa relation parentale chtonienne, mais souffre de quelques non-dits. La fête foraine de la nouvelle signée Brian Lumley dans Les Disciples de Cthulhu est au cœur de « Le Temple de Yig », sympathique et plutôt efficace, sans plus. L’asile d’Oakdeene se révèle a contrario plus inspirant. « Laissez venir les vers » est ainsi une belle réussite, réellement éprouvante et ambitieuse dans son intrigue, puisque sur fond de culture punk, l’auteur met en scène un dualisme fruit des machinations de Ybb-Tstll, proposant en outre une nouvelle explication de l’énigme de Jack l’éventreur. Ybb-Tstll est également à la manœuvre dans « De l’absence de choix », description troublante d’un tueur en série adorateur du Grand Ancien. « Du ventre de sa fille » reprend un autre Grand Ancien créé par Brian Lumley, Cthylla, à la fois mère et fille de Cthulhu, et si l’intrigue garde une part d’implicite, elle sait se faire prenante grâce en particulier au personnage de Katherine Cullom, marquée par un traumatisme familial.

Itaqua, un des personnages lovecraftiens préférés de Brian Lumley (souvenons-nous en particulier du Démon du vent), est à l’arrière-plan du singulier « Aspiratout » : un texte à part, non dénué d’un certain sens de l’humour, qui mêle démarchage commercial et invocations des divinités malignes, via les hommes cornus de Leng ; le couple de clients potentiels se révèle d’ailleurs spécialement convaincant dans son portrait psychologique. Dans cette veine des relectures intégrant des éléments substantiels de la société de consommation, « Une audience d’enfer » offre une image contrastée de la télévision et des programmes racoleurs, capable de démultiplier les effets d’une invocation comme d’affaiblir la portée du Grand Ancien ainsi convoqué. « Les Rejetons du vent », qui s’inscrit dans la lignée de la nouvelle « Celui qui chuchotait dans les ténèbres », est un bel hommage à Lumley dans son tableau d’un début d’apocalypse orchestrée par les Mi Go et dans sa relecture des plans des Grands Anciens à travers la physique quantique ; seule limite de ce récit, son caractère onirique un peu trop chaotique. Moins marquant, mais également réussi, « Remous dans les hautes sphères » prolonge à plusieurs décennies d’écart « Le Cauchemar d’Innsmouth », en forme de parabole critique du capitalisme (tragique destin cosmique de cet investisseur sans scrupules). Mentionnons pour terminer une sérieuse faiblesse de cette anthologie : l’absence de toute biographie des auteurs.

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