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Le Dieu vert

dimanche 2 décembre 2018, par Maestro

DESSIN : Lajos FARKAS

SCENARIO : Fred DUVAL (1965-), Jean-Pierre PECAU

Couleurs : THORN

France, 2018

Delcourt, Série B, 58 p.

Le Dieu vert est la suite directe du tome 26 de la série uchronique Jour J, La Ballade des pendus. On retrouve donc les deux héroïnes lesbiennes, l’Européenne Jeanne et l’Africaine Innana, deux modèles de femmes émancipées et combattantes hors pair. Via une série de flashbacks, le lecteur découvre ce qui leur est arrivé depuis leur départ d’un royaume de France plongée dans une crise de succession et leur décision de mener leur vie en toute indépendance.

Parties en Espagne, à Tolède, elles y retrouvent l’oncle de Jeanne, un riche marchand qui sollicite leur aide afin de sécuriser ses échanges de marchandises avec le califat. Dans ce monde autre, rappelons-le, la peste noire a fait bien plus de victimes que dans notre continuum, ce qui a considérablement affaibli les royaumes chrétiens. L’Espagne a donc vu la reconquista interrompue et l’offensive des rois très catholiques enrayée, au profit des Etats musulmans qui ont ainsi conservé la maîtrise d’une bonne moitié de la péninsule. Chargées par la suite d’escorter le fils du calife jusqu’à Tolède afin d’y implanter une ambassade, les deux amantes voient leur invité leur échapper, enlevé par les sbires d’un certain Torquemada. Pour le libérer, il est nécessaire de rassembler une gigantesque rançon, que les deux femmes ne peuvent espérer trouver qu’en puisant dans les ressources en or du Mali. L’occasion de découvrir plus à fond cette autre Afrique, devenue puissance majeure, qui deviendra finalement la terre d’adoption de Jeanne. L’architecture de ses villes, en particulier, s’avère extrêmement travaillée. Le culte du dieu vert demeure par contre un point aveugle de ce diptyque, tant on peine à comprendre ses origines et sa nature exactes. La marginalisation du christianisme qui semble en découler, jusqu’à la quasi disparition de ce dernier (et donc l’impossible naissance du protestantisme, comme ce qui était esquissé à la fin de l’album Le Lion d’Egypte), manque également de fondements solides.

Les combats sont une nouvelle fois une des franches réussites de l’album (très belle scène du calife entouré des têtes de brigands travaillant pour lui), émaillé qui plus est de quelques clins d’œil à l’actualité – une allusion au passage de migrants à travers la Méditerranée, mais dans l’autre sens que celui auquel on est habitué – et d’un final véritablement tragique. Ce dernier ouvre sur un autre possible, la confrontation annoncée entre l’Afrique qui, en association avec les cités marchandes d’Italie, découvre l’Amérique, et une Chine parvenue, grâce à la flotte dirigée par Zheng He, sur les rivages orientaux du continent noir.

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