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Dossier Black Panther
Intégrale Black Panther (5ème époque 1989-1994 : le temps des retrouvailles)
dimanche 19 mars 2023, par
Dossier Black Panther
DESSINS : Gene COLAN (1926-2011), Denys COWAN (1961-), Don HILLSMAN (1965-), Ron LIM (1965-), Sandy PLUNKETT (1955-), Herb TRIMPE (1939-2015), Dwayne TURNER
SCENARIO : Richard BENSAM, Don HILLSMAN (1965-), Don McGREGOR (1945-), Sandy PLUNKETT (1955-), Walter SIMONSON (1946-), Roy THOMAS (1940-)
Etats-Unis, 1989-1994
Panini, coll. « Intégrales », 2021-2022, 2 vol.
Difficile de dire, trente-cinq ans après, si la mini série tant dévalorisée par Christian Grasse a rencontré son public. Elle ne figure pas dans les monuments des comics, mais je n’avais jamais lu de critique négative à son sujet. Toujours est-il qu’après elle, et contrairement à ce qu’affirme Christian Grasse dans sa préface, la carrière éditoriale de la Panthère noire s’est poursuivie avec une régularité qui lui avait fait défaut avant. Ce retour se fait sous le signe des retrouvailles, mais elle commence par boucher les trous de Marvel Comics Presents.
La quête du kraal
C’est un nouveau périodique anthologique créé à l’origine pour mettre en scène des aventures de membres des X-Men en solo [1], mais ils n’y suffisent pas. Car la caractéristique essentielle de ce bimensuel est d’offrir quatre histoires différentes par numéro à raison de huit pages par histoire, le rythme bimensuel impliquant un travail plus rapide que le rythme mensuel en dépit d’un volume de production moindre à chaque publication. Pour éviter un renouvellement très rapide, il faut donc mieux offrir des histoires plus longues. Son responsable éditorial, Michael Higgins est donc en quête d’artistes capables d’en réaliser. Or Don McGregor a déjà fait ses preuves dans ce domaine, un peu trop d’ailleurs...
L’histoire de La quête de la Panthère court sur toute l’année 1989 et 25 numéros de Marvel Comics Presents. Cette quête est pour Tchalla celle de sa mère, que des indices localise en Afrique du Sud et Don McGregor plonge donc son héros dans les tonwship et le confronte aux fusils automatiques des Afrikaners pour un récit très réaliste, dénué de super-méchant. Vingt-cinq épisodes, c’est long, très long, en dépit de la qualité des dessins de Gene Colan. D’autant que McGregor tire clairement à la ligne et que l’intrigue ne progresse guère. Difficile aussi de lui trouver une quelconque originalité : d’une part, en 1989, cela fait belle lurette que la psyché des super-héros est taraudée par des questions existentielles sur l’amour et l’identité ; d’autre part parce que le thème de la lutte contre l’apartheid vient juste d’être exploité dans la mini-série de 1988. Pourtant, Christian Grasse, sur les propos duquel je reviens encore, ne fait aucun commentaire sur cette Quête qui semble-t-il a dû satisfaire la Compagnie Marvel, car Don McGregor rempile en 1991 pour une nouvelle série aussi inédite en France jusqu’à cette intégrale 1989-1991.
Entrechats
Etant trop courte cependant pour occuper à elle seule un volume du format intégral, les éditions Panini l’ont entourée de cinq courts récits parus soit avant, soit après, mais tous issus de scénaristes et de dessinateurs différents mais talentueux à mon sens parmi lesquels le lecteur retrouve, avec plaisir en ce qui me concerne, Denys Cowan qui poursuit sur sa lancée inaugurée en 1988, en mettant en scène une Panthère aux yeux de chat et encapée, et Ron Lim, au tout début de sa carrière d’après Christian Grasse [2].
Je ne perdrai pas de temps à résumer ici des histoires qui s’étalent sur seulement onze page, ce qui n’ôte rien à leur qualité ou leur intérêt, et je me contenterai de préciser que la période 1989-1994 est une période assez riche en apparitions de la Panthère Noire. Outre Solo Avengers, Marvel Super Heroes, Marvel Fanfare, Fantastic Four Unlimited et Marvel Comics Presents dont sont tirés les récits publiés, le roi du Wakanda apparaît beaucoup plus régulièrement, fut-ce fugacement dans Avengers, sert de second couteau dans les CNIF [3] Knights of Pendragon et Black Axe ou encore Captain America pendant plusieurs numéros.
Le retour du Don
Entre ces récits s’intercale donc la mini-série La proie de la Panthère œuvre de Don McGregor mise en image par Dwayne Turner et inédite en France. Après les retrouvailles de Tchalla et de sa mère Ramonda, le scénariste imagine celles avec Monica Lynn, l’amour de « jeunesse » du prince du Wakanda, comprendre celui imaginé par McGregor dans son histoire Une panthère en colère environ vingt ans auparavant. Pour autant, le récit se double d’une histoire de trafic et de vengeance orchestrée par Salomon Prey et son amour, le premier ayant subi des transformations physiques importantes (implantation d’ailes membraneuses) pour affronter la Panthère noire.
Formée de quatre parties, La proie est publiée en volumes de 48 pages mensuels, un format peu usuel qui contraste avec l’émiettement de la saga précédente évoquée plus haut. Ce n’est cependant pas sa seule particularité. Toujours au titre de la forme, celle des couleurs, réalisées par Steve Mattsson et Brad Vancata, qui se rapprochent de ce que j’appellerais du lavis faute de connaissances techniques dans le domaine. Si cela peut renforcer pour certains la maturité du récit, voire le caractère gothique du personnage de Solomon Prey, j’ai aussi trouvé que cela nuisait à sa lisibilité. Le talent graphique de Dwayne Turner, qui semblait un très jeune homme à cette époque si l’on se fie à la photographie présente, n’est pas à mettre en cause, mais les choix graphiques contribuent grandement à donner une impression onirique. Dernière particularité, le récit est empreint d’une grande sensualité, voire, disons le franchement, de sexualité. Les références aux rapports sexuels sont explicites dans le dessin, chose étonnante car je n’avais jamais vu de seins nus dans les comics de cette époque, et si j’y avais déjà vu des guêpières, notamment au club des damnés à l’époque du duo Claremont-Byrne, je n’en avais jamais vu que l’on défasse dans un comics. Les références à des rapports intimes entre les personnages ne sont pas moins présents dans les dialogues. Mais est-ce le signe de temps qui changent ou choix éditorial d’une publication pour un public adulte ?
Don McGregor fait de cette histoire l’aboutissement de ces récits précédents. Il y replace la plupart des personnages qu’il a créés dans Une panthère en colère, Killmonger apparaissant par des remémorations. Il a pris la peine d’accompagner chacun des trois premiers volumes de longues postfaces expliquant le processus éditorial et créatif qui a permis d’accoucher de ce que le lecteur tient entre ses mains. Les éditions Panini ont eu la bonne idée de publier aussi des traductions de ces textes qui ont d’ailleurs guidé l’éditeur dans la rédaction de sa préface. Le scénariste donne l’impression de retrouver tous ses personnages comme des êtres chers, comme une vieille famille, ou comme une maison qu’il retrouverait après une longue absence. Il est le vieil oncle qui rêve de marier ses héros, ce qui finira par arriver dans Marvel Swimsuit Special n°1 en 1992. Et il l’annonce dans sa postface
Mais, si Dwayne Turner préside bien au dessin de cette opération, Don McGregor n’en n’est pas le scénariste. Ses collaborations aux productions Marvel vont aller s’espaçant : deux numéros de Spider-Man en 1992, une histoire pour le one-shot Strange Tales : Dark Corners, une mini-série de Blade en 1998, et Don McGregor ne retrouvera la Panthère Noire qu’en... 2018 !
Et après ?
Un laps de temps pendant lequel le héros ne retourne pas dans les limbes. Il redevient un personnage récurent de différentes séries, y occupant une place plus (il intègre une nouvelle formation baptisée Fantastic Force en 1994) ou moins (il fait de brèves ou même très brèves apparitions dans Avengers) importantes. Jusqu’à ce qu’en 1998, un nouveau scénariste se voit proposer d’imaginer les aventures du roi du Wakanda, un scénariste nommé Christopher Priest.
Date de couverture [4] | Marvel Comics Presents | Scénariste(s) | Dessinateur(s) |
---|---|---|---|
Février 1989 | n°13 | Don McGregor | Gene Colan |
Mars 1989 | n°14 | ||
n°15 | |||
Avril 1989 | n°16 | ||
n°17 | |||
Mai1989 (publié en décembre 1988) | n°18 | ||
Mai 1989 (publié en janvier 1989 | n°19 | ||
n°20 | |||
Juin 1989 | n°21 | ||
n°22 | |||
Juillet 1989 | n°23 | ||
n°24 | |||
Août 1989 | n°25 | ||
n°26 | |||
Septembre 1989 (publié en mai 1989) | n°27 | ||
n°28 | |||
Octobre 1989 | n°29 | ||
n°30 | |||
Novembre 1989 | n°31 | ||
n°32 | |||
n°33 | |||
Décembre 1989 | n°34 | ||
n°35 | |||
n°36 | |||
n°37 (double épisode) |
Périodique | Date de couverture [5] ou de publication | Scénariste(s) | Dessinateur(s) |
Solo Avengers n°19 | Février 1989 | Sandy Plunkett | |
Marvel Super-Heroes, 2ème série, n°1 | Mars 1990 | Richard Bensam | Ron Lim |
Black Panther’s Prey n°1 | Mars 1991 | Don McGregor | Dwayne Turner |
Black Panther’s Prey n°2 | Avril 1991 | ||
Black Panther’s Prey n°3 | Mai 1991 | ||
Black Panther’s Prey n°4 | Juin 1991 | ||
Marvel Fanfare n°60 [6] | Octobre 1991 | Walter Simonson | Denys Cowan |
Fantastic Four Unlimited n°1 | Janvier 1993 | Roy Thomas | Herb Trimpe |
Marvel Comics Presents n°148 | Février 1994 | Don Hillsman |
, précédemment publiés dans X-Men Saga 23 et inédits
[1] De fait, Colossus, Cyclope et Havok de la première année, mais c’est surtout Wolverine qui assure la permanence.
[2] On peut écrire ça comme ça, car il est vrai qu’en 1989, Ron Lim a à peine 24 ans. L’expression laisse supposer qu’il est un novice... Je pense qu’il doit s’agir du « novice » qui dessine Captain America depuis la fin de 1989, pas le genre qu’on laisse au premier venu... Sacré Christian va !
[3] Comics Non Identifié en France
[4] Rappelons que la date de publications sur les comics est en fait la date de retrait du périodique des presentoirs
[5] idem
[6] Dernier numéro de ce périodique