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Boule de feu

dimanche 5 juin 2022, par Maestro

John CHRISTOPHER (1922-2012)

Royaume-Uni, 1981

L’Ecole des loisirs, 1987, 192 p.

John Christopher fait partie pour moi de ces auteurs invariablement associés à la période de l’enfance et de l’adolescence, celle durant laquelle on se forge une culture et des passions parfois pérennes. En l’occurrence, il m’évoque la série télévisée adaptée de sa trilogie des Tripodes, dont le tout premier épisode, visionné par hasard, sans doute, fut un choc visuel. La lecture des trois romans, par la suite, fut un vrai plaisir, davantage sans doute que le roman Terre brûlée, typique du courant catastrophiste britannique si bien incarné par un John Wyndham.

Boule de feu est un autre roman jeunesse de John Christopher, et lorsque je suis tombé dessus dans le CDI de mon établissement, je n’ai pas hésité une seconde. Tout débute au début des années 1980, lorsque Simon, jeune britannique, doit accueillir son petit cousin Brad, ado comme lui, mais américain. Ce dernier est également surdoué, comme on disait alors, et une relation de rivalité se développe rapidement entre les deux jeunes hommes. Leur rencontre inopinée avec une boule de foudre les transporte dans un monde parallèle, une Angleterre demeurée province de l’empire romain. Dans cette uchronie, en effet, l’empereur Julien dit l’apostat (une dénomination qu’il serait grand temps d’abandonner par souci de laïcité) a connu un long règne, lui permettant de stabiliser l’empire et d’évacuer le péril chrétien, en renonçant à faire de l’empereur une figure divine : plus rien, dès lors, ne s’opposait à la reconnaissance par les fidèles de Christ d’une autorité civile ne concurrençant pas l’idée du dieu unique.

John Christopher a toutefois fait le choix, contrairement au Roma Aeterna de Robert Silverberg, d’un empire totalement statique sur le plan de l’évolution. Simon et Brad découvrent une société où règne encore l’esclavage, et tandis que le second intègre une famille patricienne, le premier doit s’efforcer de survivre au sein d’une école de gladiature. Lorsque les deux exilés du temps se retrouvent, ils sont rapidement enrôlés par l’évêque de Londinium qui voit en eux des envoyés de Dieu : se mettent alors en place les fondements d’une révolte destinée à renverser l’autorité de l’empereur païen… Pour valider le succès de ce soulèvement, John Christopher use du progrès technique, à la manière d’un Sprague de Camp (De peur que les ténèbres), ici l’étrier et l’arc long.

Le format réduit du roman fait de cette victoire chrétienne une aventure bien rapide et sans doute bien trop aisée, mais cela permet surtout à l’auteur de montrer ensuite l’émergence d’une intolérance monothéiste qui fait écho à celle du christianisme devenu religion officielle puis seule autorisée de l’empire dans notre continuum. Boule de feu est en tous les cas une lecture plaisante, à l’intrigue bien rythmée, et le départ des deux adolescents, accompagnés de quelques compagnons, pour une Amérique encore non découverte, mènera à l’écriture d’une suite, Nouveau monde.

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