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Les Profondeurs furieuses (Le Centre galactique, 5)

samedi 22 août 2015, par Maestro

Gregory BENFORD (1941-)

Etats-Unis, 1994

Voici donc à ce jour le dernier volet de la série, imposante par son ambition, signée Gregory Benford. Malheureusement, et pour une raison inconnue, le sixième (et dernier) volume n’a jamais été traduit en français, alors que la collection « Ailleurs et demain » n’hésite pas à publier ad nauseam les œuvres de Brian Herbert et Kevin J. Anderson… Il y a fort à penser que nous sommes là dans des considérations commerciales, et non littéraires. En ce qui concerne Les Profondeurs furieuses, il suit directement La Grande Rivière du ciel et Marées de lumière.

Nous retrouvons donc l’Argo, ayant subi sur Nouvelle LeFou des pertes conséquentes (Shibo, la maîtresse de Killeen en particulier, devenue une personnalité numérique), et ayant embarqué une partie des humains de la planète, en même temps que Quath, représentante du peuple des Myriapodes (connus dans l’épisode précédent sous l’appellation de Cybers). La destination vers laquelle le navire cingle a tout de la pure folie : il s’agit en effet du cœur de la galaxie, l’antre du Mangeur de mondes, ce trou noir colossal auprès duquel la tradition situe une installation humaine… Aidés par les Myriapodes et pourchassés par les Mécas, les passagers de l’Argo sont poussés dans leurs limites, doutant de leur Cap’taine, avant de pénétrer dans la Redoute, un véritable monde en lui-même, havre de chaos aux espaces-temps parallèles qui sont autant de moyens de perdre les Mécas… Plus qu’à travers Killeen, c’est par les yeux de Toby, son fils avec qui il est en conflit, désormais réceptacle de la personnalité de Shibo, que nous suivons l’intrigue. Par bribes, le passé continue de nous être révélé, tandis qu’un dialogue formellement original (il est présenté sous forme de deux colonnes juxtaposées à la police distincte) nous fait pénétrer au sein des entités Mécas, s’interrogeant sur le sort à réserver à ces humains téméraires.

Lorsque l’Argo pénètre peu à peu dans l’infernal ballet du fameux centre galactique, la prose de Gregory Benford, toujours très scientifique, se fait quasiment poétique, fascinante, d’autant que des formes de vie magnétiques existent dans cet environnement a priori hostile. Toutefois, la découverte d’un asile humain localisé aux abords du trou noir, comme à l’écart du temps et de l’espace, frise légèrement le ridicule : il est peuplé de nains, humains dont on ne sait exactement de quelle époque ils viennent. Surtout, à compter de la fuite de Toby et Quath, les descriptions se font plus confuses, plus difficiles à suivre, à l’image de la réalité mouvante de cette Redoute. Quant au dénouement final, s’il nous permet de (re)découvrir un certain Nigel Walmsley, le héros des deux premiers tomes du cycle, il se clôt abruptement, laissant non expliqués quantité d’éléments, ce qui rend encore moins compréhensible l’absence de traduction de Sailing Bright Eternity

Les Profondeurs furieuses, moins homogène qualitativement que Marées de lumière ou A Travers la mer de soleils, n’en est pas moins une pièce essentielle du cycle, dans la mesure où notre perception des humains de ce lointain avenir, « rats dans les murs » (une comparaison récurrente), se mue encore plus clairement en admiration vis-à-vis d’une espèce ayant réussi à survivre en diversifiant ses rameaux génétiques et en assurant la transmission de ses « Héritages ». Avec toujours, la nécessité pour chacun de trouver sa place, condition du libre-arbitre. La vie organique finalement aussi forte, sinon plus, que la vie mécanique…

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