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Bronze Summer

dimanche 4 septembre 2016, par von Bek

Stephen BAXTER (1957-)

Grande-Bretagne, 2011

Si Bronze Summer est la suite de Stone Spring, les événements qui s’y déroulent ont lieu plusieurs millénaires après le premier volume de la trilogie, à la fin de l’âge du bronze , un moment charnière dans notre histoire de l’humanité qui l’est aussi dans l’"uchronologie" de la série !

Au cours des siècles, la société du Northland s’est socialement structurée en une organisation en maison ayant chacun un rôle spécialisée, comme celle des castors qui entretiennent le mur depuis des siècles. Celui-ci a gagné en taille et abrite nombre de couloirs et de quartiers. La plus importante des maisons est celles des Annids (les descendants d’Ana ?) qui dirigent le pays. Justement Milaqa est la fille de l’Annid des Annids qui vient de mourir au cours d’une partie de chasse, et pour elle approche le moment du choix difficile de sa place dans une société où elle se sent marginale. Son choix n’est pas facilité par l’intervention de son oncle Teel, l’unique annid masculin, qui a sacrifié sa masculinité pour accéder au pouvoir. Car Northland est une matriarchie, reflet des événements de Stone Spring et de leur religion des trois petites mères.

Autre différence d’importance, le peuple de Northland ne pratique ni agriculture, ni élevage mais vit de la cueillette, de la chasse et de la pêche. Il en résulte une faible densité de population comparativement aux grands royaumes qui se sont développés au Moyen Orient à la même époque. Alors que ceux-ci ont gagné en puissance grâce à la guerre, Northland a fondé son importance sur sa maîtrise des communications avec le continent d’outre-atlantique, établies dans Stone Spring, d’où sont rapportés patates et maïs qui alimentent ensuite les royaumes orientaux. Ces deux végétaux introduits en Europe avant l’heure (le XVIe siècle) c’est une divergence de taille qui passe relativement inaperçu alors. Or les royaumes de l’Est souffrent d’une sécheresse persistante qui réduit de plus en plus les peuples à la famine et conduit à l’essor de hordes de pilleurs.

A Troie, une génération après sa prise par les Grecs, Qirum vivote en louant ses talents de guerriers et en s’adonnant à la piraterie et l’esclavage. Lors du passage d’une colonne d’esclaves, il se laisse convaincre de racheter l’une d’entre elles, Kilushepa, qui se présente comme la tante du roi hittite, la veuve du roi précédent, et lui promet une puissance inégalée s’il l’aide à recouvrir son statut. Cette reconquête passe par le Northland où ils arrivent au solstice d’été alors qu’un volcan islandais a explosé projetant dans l’atmosphère des nuages qui compromettent sur tout le continent les récoltes. Menacés à leur tour par la famine et les révoltes, les Northlanders prennent une décision lourde de conséquences quant à l’équilibre politique du continent.

Difficile de nier que Stephen Baxter ait fourni un gros travail de construction de son récit pour lui permettre tant de souligner les caractéristiques de l’époque dans laquelle il s’inscrit (la diffusion de l’agriculture hors du bassin oriental de la Méditerranée, le développement de la métallurgie du fer mais aussi l’effondrement des royaumes survenu dans la première moitié du XIIe siècle avant J.C. [1], notamment les royaumes mycéniens et hittite). L’intrigue de Bronze Summer s’avère plus charpentée que celle de Stone Spring , quoique pas forcément très rationnelle si l’on considère les projets de Qirum, et l’auteur ne ménage pas ses personnages et par conséquent ses lecteurs.

Quelques peu paradoxalement, l’âge du bronze qui apparaît cruel sous sa plume sans doute assez justes - les sévices et les viols abondent et ne concernent pas que les femmes, le récit étant parfois très cru - voit aussi les personnages se déplacer d’un bout à l’autre de l’Europe sans trop de difficultés et à plusieurs reprises dans des laps de temps qui me semblent bien courts surtout pour une armée. Il y a cependant toujours chez Baxter ce souci de réalisme et, particulièrement dans cette trilogie et surtout dans ce volume, un refus d’angélisme, mais je me demande si parfois ce n’est pas aussi un certains désintérêt pour ses propres créatures, moins importantes que la trame générale. Les personnages meurent, soit. Mais le lecteur ne connaîtra jamais le destin de certains pourtant au centre de l’histoire comme Bren ou Deri. Est-ce un oubli ou une facilité ? Et puis à quoi sert la sculptrice olmèque ?

Des facilités, Stephen Baxter en prend aussi avec l’histoire. C’est une uchronie me direz-vous avec raison, mais si la postface révèle une documentation scientifique des plus sérieuse pour nourrir l’œuvre, l’auteur y ayant puisé pour les noms de ses personnages hittites notamment, il s’est permis des anachronismes comme faire apparaître des Spartiates avec une culture très proche de leur culture de l’âge classique avec 400 ans d’avance. Sans doute faut-il y voir un de ces viols de la vérité historique que Dumas aimait tant produire. Pas sûr que l’enfant soit beau car cela n’apporte rien au récit. En revanche, avec l’éruption du Hekla (Hood dans le roman), il offre une hypothèse intéressante pour expliquer le déclin du XIIe siècle.

Néanmoins, ce Bronze Summer est au fil de sa lecture de plus en plus prenant, développant l’intérêt médiocre planté par Stone Spring.


[1Le lecteur pourra trouver une analyse très parti pris de cet effondrement dans 1177 avant J.-C., le jour où la civilisation s’est effondrée de Eric H. Cline.

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