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Le Bibliomancien
dimanche 16 septembre 2018, par
Jim C. HINES (1974-)
Etats-Unis, 2012, Bibliomancer
L’Atalante, 2016, 352 p.
Alors que le troisième tome de la série Magie ex libris (qui en compte quatre plus une nouvelle à paraître en V.O.) vient de sortir le mois dernier chez l’Atalante, cela vaut le coup de se pencher sur celle-ci non seulement pour son concept original, mais aussi en forme de soutien à une maison d’édition de qualité, respectueuse de ses lecteurs et lectrices, afin de l’encourager à continuer de publier ses séries intégralement, sans les interrompre en cours, à la différence d’une autre maison que je ne nommerai pas...
En inventant l’imprimerie à caractère mobile au XVe siècle, Johannes Gutenberg ne révolutionne pas seulement le monde du livre, mais aussi celui de la magie, domaine auquel il ne connaissait rien [1]. Il découvre que le talent de certains, porté par la lecture des livres accomplis par des dizaines, puis des milliers, de lecteurs, pouvait permettre de rendre réel le contenu des livres. Un pouvoir formidable est donc dangereux, qui implique, selon la loi de l’oncle Ben, de grandes responsabilité. Rapidement Gutenberg crée Die Zwelf Portenære, les douze gardiens des Portes, chargés de surveiller l’utilisation des livres à des fins magiques, voir de verrouiller certains livres trop dangereux [2]. Avec le développement technologique, l’imagination galopante des écrivains qui a enrichi le bestiaire des monstres, les siècles passant, l’organisation s’est étoffée. Jusque deux ans auparavant, Isaac Vainio en était un agent actif, mais une mission qui a mal tourné a entraîné sa relégation dans une bibliothèque du fin fond du Michigan (paradoxalement, le fond du Michigan est au nord...) où il est chargé de recenser les livres pouvant présenter un danger. Son activité plutôt monotone n’est guère perturbée que par son araignée magique qui s’enflamme sous l’effet de la peur et du danger, jusqu’à ce que trois vampires débarquent pour essayer de le faire parler quant à des agressions commises contre leurs pareils par les bibliomanciens. Fort heureusement, une Dryade de ses connaissances vole à son secours et voilà les deux amis partis empêcher une guerre d’éclater et découvrir si Gutenberg ne serait pas devenu fou.
Pour un lecteur, il y a assurément quelque chose de jouissif à imaginer qu’on puisse tirer un sabre laser, un phaseur ou une épée d’un livre. Jim C. Hines joue sur du velours avec une telle idée. S’il s’appuie sur de nombreux ouvrages existants, qu’il cite en fin de volume, il en invente d’autres.... dont parfois on eut aimé qu’ils existassent. Son idée s’avère donc riche de potentialité et innovante.
Cependant l’intrigue avance péniblement et, premier roman d’une série oblige, l’auteur multiplie les étapes avec pour seule utilité de dresser un panorama de son univers. Son intrigue est intéressante, mais certains tenants ou certains événements demeurent inexpliqués (ce qui est arrivé à Gutenberg) ou incompréhensible (ce qui se passe lors de certains combats magiques) et, comme souvent dans ce genre de littérature, le héros accomplit des exploits dont il avait été dit au début qu’ils étaient irréalisables.
Cela n’empêche pas le livre d’être un agréable moment de lecture, avec ce qu’il faut d’actions, d’humour et de sensualité.
[1] Lui aurait-on demandé s’il y connaissait quelque chose, qu’il aurait sans doute nié, par peur du bûcher...
[2] Le Seigneur des Anneaux par exemple, des fois qu’un abruti ou un criminel ait l’idée de créer l’anneau unique.