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Les Roses de Karakorum
dimanche 29 avril 2018, par
Meddy LIGNER (1974-)
France, 2014
Armada, 276 pages.
Les Roses de Karakorum est le premier roman de Meddy Ligner, auteur de nouvelles (dont une dans Dimension Merveilleux scientifique 3), coordinateur d’anthologies (Dimension Préhistoire et toutes celles qui suivirent chez Rivière blanche) et ultérieurement d’une très sympathique uchronie, Semper Lupa. Les Roses de Karakorum relève également de ce genre, axé sur un point de divergence original : la pérennisation du gigantesque empire mongol, absent béant des programmes d’histoire du collège…
Dans cette trame alternative, les armées mongoles sont parvenues jusqu’à l’extrême occident, écrasant les troupes dirigées par Louis IX et reliant de la sorte les deux océans principaux de la planète. L’intrigue du roman proprement dite se place à la fin du XVe siècle, et suit deux lignes narratives parallèles. Celle de deux moniales chrétiennes, d’abord, dont la plus âgée, sœur Jeanne, entraîne la plus jeune dans une quête destinée à remettre sur le trône de France le dernier descendant de la dynastie capétienne. Celle du propre devin du Grand Khan, ensuite, épaulé par un guerrier mongol afin de suivre et de retrouver les sœurs en question. C’est une vaste odyssée qui va les emmener de Karakorum, capitale de l’empire, jusqu’à Paris, en passant par Constantinople, Gènes ou Marseille.
Comme dans toute bonne uchronie qui se respecte, certains personnages emblématiques connaissent des destinées à la fois proches et distinctes : pour Les Roses de Karakorum, il s’agit de Léonard de Vinci (ce qui n’est pas sans se rapprocher du tome 12 de la série Jour J, Le Lion d’Egypte) et de Jeanne d’Arc. La réflexion sur l’empire mongol est également stimulante, sa tolérance à l’égard des différents cultes étant particulièrement mise en valeur. On aurait aimé néanmoins bénéficier de davantage de développements civilisationnels. Là où Meddy Ligner s’avère particulièrement efficient, c’est dans les descriptions de batailles ou de paysages, rendant la lecture d’autant plus plaisante. Et pour ceux qui connaissent suffisamment l’univers de l’auteur, on retrouve dans ce premier roman un thème qui lui est cher, celui du chamanisme.
Certes, d’aucuns pourraient trouver le roman trop linéaire, mais il est d’une efficacité incontestable, incorporant une dose de fantasy en la personne des transes vécues par le devin du Khan, et laissant planer le doute sur l’existence ou non de divinités (l’origine des mystérieuses voix demeure opaque). Semper Lupa est assurément plus ambitieux dans sa structure, mais pour une première tentative sur la forme longue, l’essai est transformé.