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Les Terres grises (Chaos, 2)

dimanche 2 septembre 2018, par Maestro

Clément BOUHELIER (1985-)

France, 2016

Critic, collection SF, 418 pages.

Les Terres grises reprennent l’intrigue telle qu’elle avait été laissée ouverte dans Ceux qui n’oublient pas. Le lecteur retrouve ainsi des personnages malmenés, seuls survivants d’un monde ayant succombé à l’épidémie de l’oubli, à la recherche d’un lieu de rencontre avec pour seul indice le mot étoile (on ne peut à cet égard s’empêcher de trouver cette référence bien trop aisée à déchiffrer pour des Parisiens, bien plus en tout cas que pour les personnages du roman). Il y a donc Chloé, l’actrice pornographique, et sa fille d’adoption Leslie, sourde de surcroît ; Phil le collégien, forcé de grandir trop vite ; Claudy, l’ancien banquier en mal d’affection à donner, qui s’est attaché à Arthur, sans qu’il ne sache que ce dernier a été en fait suborné par l’ennemi.

Dans ce second et ultime volet de Chaos, on en apprend justement davantage sur la nature de celui-ci. Clément Bouhélier utilise en effet la théorie à l’influence croissante du multivers, y ajoutant l’Orgue, une mécanique aux origines inconnues, d’où sont issues toutes ces réalités parallèles (ce qui n’est pas sans évoquer la conclusion de la tétralogie Metropolis de Serge Lehman). C’est de l’une d’entre-elles que proviennent les Gardiens, des individus qualifiés d’insignifiants, car n’ayant aucun impact sur l’évolution de leur monde, se transmettant cette fonction de maître à apprenti, afin que les univers multiples ne se croisent pas. Mais le dernier Gardien en exercice a commis l’erreur de mal juger un de ses apprentis désignés, qui a décidé de transgresser les règles en vigueur en agissant sur les mondes.

Dans ce remake de l’opposition Dieu / Lucifer, Caïn / Abel, l’ennemi est à l’origine de l’épidémie ayant dévasté notre Terre, grâce au recrutement d’une femme d’un autre univers, rigoriste et puritain, au sein duquel elle officiait en tant que Juste, c’est-à-dire une police politique et des mœurs. Voilà une très bonne idée, confronter des individus issus de mondes opposés, mais sur ce point, Clément Bouhélier est loin d’exploiter toutes les possibilités de sa création : cette femme, comme l’animal sauvage qu’il va manipuler pour la remplacer, manquent de suffisamment de profondeur et de descriptions détaillées. De même, certains des mondes entrevus ne sont que survolés.

Toujours est-il que le groupe, une fois coagulé, se retrouve catapulté par erreur dans un monde mort, ou tout comme. Ce sont les fameuses terres grises du titre, qui occupent la majeure partie du roman. L’occasion pour Clément Bouhélier de dénoncer le manque de responsabilité de cette humanité (et de la nôtre), ayant abouti à sa chute. Autre point névralgique, l’individualisme de notre société de consommation, dont l’opposé est la fraternité de groupe qui finit par souder tous ces naufragés. Le diptyque Chaos est d’une lecture agréable, mélange de classicisme et de légères touches personnelles, quand bien même les postulats de l’existence d’un destin et d’une vie après la mort ne soient pas toujours très pertinents ni convaincants.

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