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Signe de vie

dimanche 27 janvier 2019, par Maestro

Jose RODRIGUES DOS SANTOS

Portugal, 2017

HC éditions, 2018, 697 p.

Jose Rodrigues dos Santos est un écrivain portugais qui a rencontré un succès international avec La Formule de Dieu, premier roman mettant en scène son personnage clef, Tomas Noronha, cryptanalyste de son état. Signe de vie est déjà le septième volet de cette saga, qui rivalise avec les œuvres de Dan Brown dans un genre de thriller moins ésotérique et plus scientifique en apparence. Cette fois, la science-fiction est au cœur de l’intrigue.

Le roman débute en effet par la réception d’un message d’origine extra-terrestre, réplique de celui capté en 1977 par le biais du programme SETI (et baptisé « Wow ! »). Tomas Noronha, alors occupé par les préparatifs de son mariage avec une catholique convaincue, mariage qui doit en outre être célébré à Rome par le pape en personne, est justement approché afin d’intégrer l’expédition spatiale prévue. Car le nouveau signal n’est pas émis directement d’une étoile, mais d’un artéfact entré dans le système solaire et envoyé par l’étoile en question. Baptisé Phanès, il doit frôler la Terre dans moins d’un mois avant de poursuivre sa quête.

Basé sur un postulat se situant aux antipodes de celui de la trilogie de Liu Cixin, celui d’extra-terrestres nécessairement avancés et pacifiques, Signe de vie souffre de plusieurs défauts assez flagrants. Les méchants de service sont ici les Russes, qui refusent de s’associer à l’expédition internationale sous prétexte que ces extra-terrestres ne peuvent être que dangereux. Justifié de manière fallacieuse par Tomas sous prétexte d’une peur atavique des Russes vis-à-vis de l’étranger, du fait de leur histoire faite d’invasions diverses (et faisant par la même occasion fi de toute la culture cosmologique du pays), ce manichéisme apparaît terriblement occidental et dans l’air du temps.

Par ailleurs, la construction de l’intrigue est d’un didactisme appuyé et bien trop pesant. Les nombreux développements scientifiques, sur le programme SETI, sur les traces de vie extra-terrestre, ou sur la nature du message émis par Phanès, à base du nombre Pi, que ce soit en réunion ou à bord d’un avion, occupent l’essentiel du premier tiers du roman, le rapprochant davantage de l’essai de vulgarisation scientifique que du pur thriller. Un systématisme qui ne s’estompe qu’en partie à compter du moment où les futurs membres de l’expédition subissent un entraînement intensif et accéléré, et qui s’exerce même dans la navette spatiale, à quelques heures du premier contact...

Plus gênant, la rivalité entre Seth Dyson, spécialiste d’astrophysique, et Tomas Noronha, débouche sur une confrontation métaphysique incontestablement remportée par le héros. On peut néanmoins l’interpréter dans le pire des cas comme une justification du dessein intelligent (avec son rejet de la théorie du multivers comme une simple croyance, ce qui est pour le moins réducteur !), dans le meilleur comme une forme de panthéisme, distinguant derrière les lois physiques et mathématiques un impératif cosmique et une entité transcendante, que l’on peut revêtir d’un nom autre que divin (renouant ainsi avec ce que Arthur C. Clarke expliquait quant à la mince frontière entre magie et science). Ce n’est finalement que dans le dénouement du roman que la discussion forcée cède réellement la place à l’action la plus échevelée, avec en prime des retournements de situation qui rapprocheraient davantage dos Santos d’Alastair Reynolds dans sa résolution du paradoxe de Fermi.

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