Le Chasch

Jack VANCE (1916-2013)

Etats-Unis, 1968, City of the Chasch

J’ai lu, 1976

Voir son vaisseau, l’Explorator IV, détruit avec son équipage, sa vedette spatiale tombée entre les mains d’une des races habitant une planète du système de l’étoile 4269 de La Carène, son coéquipier sauvagement assassiné par d’autres autochtones et lui capturé : autant de circonstances qui plongeraient n’importe quel individu normal dans le découragement le plus profond mais le Terrien Adam Reith est un éclaireur et un homme hors du commun. Il ne lâche jamais prise, n’abandonne jamais et se bat jusqu’au bout redressant les torts, sauvant les jeunes filles et les cités des tyrans qui les menacent (enfin une jeune fille et une cité au moins !) et tout cela sans abandonner la recherche de sa navette. Un comportement qui lui vaut de ses compagnons originaires de Tschaï une admiration aussi grande que leur incrédulité face à ses récits sur l’humanité et la Terre. Car sur Tschaï, les hommes n’ont pas conscience de leur humanité et nombres d’entre eux sont asservis par les différentes races qui peuplent la planète : comme il y a des Chasch, des Dirdirs et des Wankhs, il y a des hommes et des femmes-Chasch, Dirdirs et Wankh, le seconds servant les premiers.

On l’aura compris, en pleine guerre du Viet-Nam, Jack Vance délaisse un temps sa fameuse Geste des Prince-Démons pour un autre cycle tout aussi épique mais au contenu politique sans doute moins neutre. La race des Chasch a beau être bleue, verte ou vieille selon les variétés, il n’en demeure pas moins qu’elle opprime les hommes. Situation à laquelle Adam Reith entend bien remédier au nom de convictions purement terriennes mais qu’il juge universelles, droits de l’homme, démocratie et liberté. Faut-il s’étonner que l’auteur se soit engagé en faveur de l’intervention au Vietnam aux côtés d’autres auteurs de S.F. comme Poul Anderson ou Robert Heinlein ?

En son temps, le cycle qui s’amorce avec Le Chasch est surtout fameux pour ses descriptions de races extra-terrestres, son élaboration d’un monde totalement imaginaire. C’est plutôt son caractère épique, son esthétique et ses thématiques pulps qui se distinguent aujourd’hui. La personne d’Ylan-Ylan, alias, Fleur de Cath, alias Derl, alias etc..., est à ce titre particulièrement représentatif : très belle, légèrement vêtu, surtout après être tombée dans un des nombreux dangers qui parsèment la vie de toute jeune fille dans ce genre de romans, émotive mais peu expressive quant à ses opinions. Autant d’aspects qui contribue à conférer au Chasch un parfum vieillot ou kitsch.