LE BRUIT DES GLAÇONS

Bertrand BLIER (1939-)

France, 2010

Jean Dujardin, Albert Dupontel, Anne Alvaro, Myriam Boyer, Emile Berling, Christa Theret

L’idée initiale du Bruit des glaçons est séduisante : Faulque (Jean Dujardin) en pleine dépression alcoolisée depuis le départ de sa femme et de son fils quelques années auparavant, voit débarquer dans sa retraite de l’arrière-pays nimois un sinistre individu (Albert Dupontel), pince-sans-rire, se présentant comme son cancer. Voici de quoi ruiner le moral de n’importe-qui et donc à fortiori celui d’un célèbre écrivain jadis gagnant du Goncourt. Le cancer est invisible de tous, sauf des personnes éprouvant une réelle affection pour le malade. La jeune russe qui séjourne dans le lit du maître ne le voit pas, tandis que Louisa, la domestique, le voit, elle. Entre l’écrivain et se cancer se tisse une relation faite de heurts et d’un fatalisme auquel Faulque refuse de s’abandonner complètement, pas plus qu’il ne quitte le saut à glace destiné à rafraîchir le vin blanc dont il fait une grande consommation. Partout où il se rend, l’accompagne le bruit des glaçons.

Voici un genre de film qui aurait pu trouver ses origines sur les planches. Peu importe le décor, tout repose sur le jeu d’acteur et surtout les dialogues souvent très bien sentis. Seuls, l’utilisation de flashback brise la construction théatrale.

Cependant, Le Bruit des glaçons n’est pas Le Souper : les dialogues ne parviennent pas à soutenir 90 minutes de film. Dès lors, le mélange entre fantastique, humour et drame humain a du mal à prendre et le scénario en fait trop, notamment sur ce dernier aspect. Donner un cancer à Louisa contribue à soutenir le film, lui prêter une relation, même éphémère, avec Faulque Père & Fils a quelque chose de grotesque. La fin du film semble aussi en complet décalage avec le ton dominant de l’humour noir.

Pas de quoi briser la glace d’une soirée ennuyeuse.