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BLANCHE-NEIGE : LE PLUS HORRIBLE DES CONTES

samedi 6 juillet 2013, par von Bek

Michael COHN

Etats-Unis, 1996, Snow White : A Tale of Terror

Sigourney Weaver, Monica Keena, Sam Neill, Gil Bellows, Taryn Davis

A bien y réfléchir, Michael Cohn n’a pas tort. On garde trop souvent en mémoire le dessin animé de Walt Disney avec ses petits oiseaux quand on évoque Blanche-Neige, sans réfléchir sur ce que recèle d’horrible le conte des frères Grimm, à l’instar de beaucoup de leurs récits, même si tout finit bien.

Après tout, c’est l’histoire de Liliane, une jeune fille nantie qui n’a jamais connu sa mère, morte à la naissance, que par les ouï-dire des serviteurs et les souvenirs nostalgiques de son père. Comme ce n’est pas de la tragédie grecque et que l’on n’est pas dans un conte de Perrault, le papa ne se met pas en tête d’épouser sa fille, mais se marie une deuxième fois. Mais comme on n’est pas non plus chez Walt Disney, elle n’est pas une horrible marâtre et tente de se concilier les bonnes grâces de sa belle-fille. De manière très réaliste, la gamine réagit mal envers celle qui remplace sa mère et se comporte comme une peste, même si l’incident survenu à sa nourrice a de quoi la rendre méfiante. Quand la belle-mère fait une fausse couche, elle en attribue la responsabilité à Liliane et entreprend de se venger en tentant de la faire assassiner. Lili se perd dans la forêt et tombe entre les mains d’une bande de mineurs hors-la-loi qui ne compte qu’un seul nain. Sa présence ne leur attire que des malheurs jusqu’à la pomme fatale qu’un baiser, plus proche de la manœuvre de Heimlich que du bouche à bouche, lui fait recracher. Les deux amoureux devront encore sauver papa et se débarasser de la sorcière.

Alors que la Fantasy oublie souvent qu’elle est médievale, rarement film aura été aussi médiéval et aussi peu fantasy. Tourné en République tchèque, le film s’appuie sur des décors réalistes au point d’être trop sobre, relie l’intrigue à l’Allemagne médiévale par le patronyme de l’héroïne [1],soigne les costumes ancrant ainsi le récit dans un XVe siècle tardif avec sa peste et son inquisition. Faute d’effets spéciaux de grande envergure, la Fantasy en est du coup d’autant plus la parente pauvre, même s’il faut féliciter la maquilleuse pour la métamorphose de la belle-mère en une vieille laide à faire peur qui n’est pas sans rappeler certaines gravures de Gustave Doré.

Malheureusement, la sobriété visuelle s’accompagne d’une sobriété scénaristique qui ôte tout relief au film. Certes remplacer pour plus de réalisme les sept nains, figurant pourtant dans la version originale des frères Grimm, par sept mineurs mis au ban de leur société, était une idée intéressante, mais je me demande ce que cela apporte au film, à part l’économie du prince Charmant, et encore pas entièrement. L’intégration de Blanche-Neige au groupe n’est jamais complète et on se demande pourquoi d’ailleurs ils l’acceptent : elle conduit à la mort de deux d’entre eux et au départ d’un autre qui voulait la violer, histoire de se payer des malheurs dont la société l’accable. Sans parler de l’amour réciproque qui nait de la pitié mutuelle. Du coup, c’est tous les rapports de Blanche-Neige et des mineurs qui sont irréalistes.

Glauque peut-être, ennuyeux sûrement.


[1Et le titre français alternatif : Blanche-Neige de la Forêt-Noire...

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