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LA COLERE DES TITANS
samedi 24 octobre 2015, par
Jonathan LIEBESMAN (1976-)
Etats-Unis, 2012
Sam Worthington, Liam Neeson, Ralph Fiennes, Edgar Ramirez, Rosamund Pike
Après le remake du Choc des Titans originel, sorti en 2010, une suite fut très rapidement mise en chantier, comme c’est généralement d’usage dans le cinéma commercial contemporain. On y retrouve Persée dix ans après, désireux de vivre une vie normale, celle d’un simple pêcheur, et d’élever son fils Hélios, conçu avec feue Io. C’est sans compter sur le déclin de la croyance en les dieux grecs, qui affecte leurs pouvoirs et permet à Hadès de manigancer une nouvelle trahison. S’attirant la complicité d’Arès, il emprisonne Zeus et se prépare à libérer Chronos et les autres Titans de leur prison du Tartare. Dès lors, en un schéma ultra-classique, le héros désireux de simplicité ne peut échapper à ses obligations, et Persée, à l’aide d’Agénor, fils de Poséidon et donc alter demi-dieu, va tout faire pour enrayer cette probable fin du monde. Ils partent alors en quête d’Héphaïstos, exilé sur une île perdue, puis s’enfoncent au cœur du royaume des morts, avant qu’un affrontement aux faux airs de Première Guerre mondiale serve de climax au film.
Dans ce second volet, on retrouve les mêmes tendances et, disons-le, les mêmes défauts que dans le précédent film. Passons rapidement sur un respect de la culture grecque à géométrie variable (Andromède, chef de guerre, qui se bat sans casque ni bouclier !) et un syncrétisme appuyé (la monstrueuse créature du début a beaucoup du dragon asiatique), pour nous concentrer sur l’essentiel, le message ancré dans le présent porté par La Colère des Titans. Le manichéisme des dieux de l’Olympe, véritable trahison de l’esprit de la mythologie grecque, débouche sur une alliance entre Hadès et les Titans. L’attaque qu’ils mènent sur le village de Persée, au début du métrage, ressemble fort, et par la nature civile des victimes, et par l’aspect visuel des explosions, à une attaque de type terroriste. Dès lors, face à un Zeus / Etats-Unis affaiblie, dans lequel on doute, et un Arès / mauvais côté du pouvoir militaire, aveugle à autre chose que la violence pour la violence, la répression pour la répression, Persée / bon côté du pouvoir militaire finit par se rallier au premier devant l’ampleur du danger.
Car c’est un véritable Ragnarok qui nous est ici proposé, où se mêlent réussites convaincantes -l’intervention et les combats avec les cyclopes-, échecs retentissants (un Héphaïstos loin de la difformité d’usage, ou un Zeus se la jouant Star Wars et bon côté de la Force avec Hadès) et influences trop prégnantes (le Tartare, en dépit de la présence d’un labyrinthe, se ressent davantage du Seigneur des Anneaux). Tout de même, l’adjonction de la légende de Thésée et du Minotaure en personne paraît en grande partie artificielle, surtout avec un labyrinthe fonctionnant sur le principe de Cube… Une morale sous-jacente très conventionnelle et timorée, loin d’une remise en cause radicale des dieux, qui semble encore et toujours excéder les capacités de la culture étatsunienne dominante. D’autant que s’y ajoute un éloge des relations père-fils, la famille l’emportant envers et contre tout, avec le remariage de Persée. Dans l’absolu, La Colère des Titans apparaît comme un film lourdaud, usant de l’action à satiété et faisant preuve de bien peu de finesse, sans révolution visuelle. Un salmigondis dont les quelques bonnes idées sont noyées dans une bouillie indigeste. Mais une débauche de flammes et d’explosions ne font pas un film, et celui-ci manque cruellement d’âme.