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CHOOSE OR DIE

dimanche 29 mai 2022, par Maestro

Toby MEAKINS

Royaume-Uni, 2022

Avec Asa Butterfield, Iola Evans, Eddie Marsan, Kate Fleetwood, Robert Englund.

Choose or Die est un de ces films désormais produits par les plateformes de streaming elle mêmes, en l’occurrence Netflix. Il s’inscrit clairement dans la vogue ayant remis les années 1980 au cœur de l’intérêt des générations de quadras, mais également des générations nées au XXIe siècle, intriguées par cette décennie marquante par le cinéma, la musique, les jeux vidéo… ou les jeux de rôles. Après Stranger Things, voici donc Choose or Die, un long métrage au budget somme toute mesuré.

Tout commence avec un jeu vidéo sur cassette audio, Curser, récupéré par Isaac, un geek qui le prête à son amie Kayla, avec qui il rêve d’avoir une relation plus sérieuse. On est ici dans un ghetto américain ordinaire, et Kayla porte en elle le poids de la mort de son petit-frère, noyé dans la piscine municipale où elle l’avait accompagné. En testant le jeu dans un restaurant, elle découvre que le programme agit sur le réel, les choix imposées à la joueuse, sur le principe des livres dont vous êtes le héros, ayant pour conséquence de pousser la serveuse à s’automutiler… Mais en ayant enclenché cette mécanique mortelle, Kayla se retrouve piégée dans le jeu, contrainte de subir ses niveaux successifs seule ou en bénéficiant de l’aide d’Isaac.

Choose or Die est un peu le symétrique inversé de Tron : là où le programmeur se retrouvait à l’intérieur de sa programmation ludique, le jeu contamine la réalité et agit sur elle pour la transformer. C’est d’ailleurs cette dimension rétro qui s’avère la plus réussie : le calvaire vécu par la mère de Kayla face aux rats dans les murs (un hommage possible à Lovecraft, dont l’esprit et les livres maudits imprègnent le film), excellente trouvaille, on ne le voit que sous la forme des antiques jeux d’arcades.

Ironiquement, Choose or Die devient ainsi une mise en abyme en même temps qu’un coup de pied donné à cette nostalgie généralisée des années 80, dévoilant son côté sombre, à moins que ce ne soit tout simplement une façon d’honorer les films d’horreur qui ont marqué l’époque ; la présence de Robert Englund au casting, inoubliable interprète de Freddy Krueger, valant satisfecit du genre (le jeu Curser est d’ailleurs daté de 1984, tout comme Les griffes de la nuit). La fin du film, aussi ridicule et insatisfaisante puisse-t-elle apparaître, avec ce père despotique gardant sous son contrôle bien peu crédible femme et fils, confirme en tout cas cette charge critique sur le côté délétère d’une nostalgie aveugle, puisque ce joueur, lui-même fanatique et collectionneur des années 80, se retrouve coincé dans sa logique, une impasse finalement mortelle. Au-delà de cette séquence, l’ouverture finale du métrage s’avère nettement plus convaincante, Kayla choisissant de poursuivre le jeu, mais en endossant cette fois le statut de maîtresse, afin de remplir un rôle de justicier solitaire typiquement étatsunien.

En dépit de certaines faiblesses – citons également des choix de mise en scène trop faciles, comme le brouillard au fond de la piscine, ou une musique synthwave trop peu élaborée – Choose or Die est un petit film sympathique, plutôt dissonant dans toutes ces réalisations célébrant les années 80.

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