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Futu.re

dimanche 11 septembre 2016, par Maestro

Dmitry GLUKHOVSKY (1979-)

Russie, 2013

L’Atalante, coll. "La Dentelle du Cygne", 736 p., 2015.

Dmitry Glukhovsky a fait une entrée en fanfare dans l’univers de la science-fiction en France grâce à Métro 2033, roman qui peut se targuer d’avoir engendré un véritable univers partagé. L’écrivain russe a également vu deux romans indépendants traduits, Sumerki et Futu.re, que le sous-titre présente comme un « roman utopique ». L’action se déroule au XXVe siècle, dans une Europe métamorphosée. Elle est en effet totalement bétonnée, recouverte de tours gigantesques, sortes de monades urbaines puissance 10, indispensables pour abriter une population de 120 milliards d’habitants ! Dans cet avenir, l’immortalité est devenue un droit pour tous les Européens, et pour ceux qui souhaiteraient avoir un enfant, la loi du choix contraint un des deux parents à accepter l’injection qui le fera vieillir et mourir sous dix ans, en plus de leur retirer leur progéniture à jamais. Pour faire appliquer cette sentence, un corps spécial a été formé, les Immortels. Dan est l’un d’eux, comme tous les enfants confisqués et placés dans des internats spéciaux. Repéré par un des dirigeants de cette Europe unie, Schreyer, il se voit promettre un avancement dans la hiérarchie, mais au lieu d’en profiter, il échoue dans une des actions si prometteuses qui lui était réservée (une incohérence majeure et fondamentale du livre). Dès lors, il va devoir jongler entre sa position officielle et la vie parallèle qu’il va s’efforcer de bâtir par amour.

Ce qui est sûr, avec ce roman, c’est que Dmitry Glukhovsky aime faire dans la démesure, sinon le démesuré (quelques centaines de pages auraient certainement pu être économisées), sans avoir peur de forcer le trait. Comment en effet imaginer un continent s’étant fait dépasser à ce point par la surpopulation ? Comment croire que le XXVe siècle ressemble de manière si proche à notre XXIe siècle ? Son personnage central, bourré de testostérone, permet d’alimenter l’intrigue en scènes d’action musclées, parfois bien sanglantes, et en scènes de sexe trash. Il y a un côté hollywoodien dans Futu.re, un côté excessif, ce que confirme la tragédie familiale qui est comme le fil rouge du livre. Le message est triple. D’abord, une mise en valeur de la condition de parent, de cette transmission entre générations, essentielle à ce qu’on peut appeler la spiritualité d’une civilisation. Ensuite, une critique finalement très classique de l’utopie, conçue comme modèle immobile : ici, les Européens ne manquent pas de loisirs, mais sont totalement dénués de toute envie créatrice. L’importance de l’Antiquité dans les référents culturels du Parti de l’immortalité, à commencer par les masques des Immortels, vaut retour dans un passé mythique en lieu et place d’un regard vers un avenir nouveau. Enfin, une critique de l’Union européenne actuelle, accusée de ne prôner l’égalité que pour ses concitoyens, à condition qu’ils demeurent dans la norme (du politiquement correct ?) ; la vision de Barcelone, véritable camp de réfugiés à l’échelle d’une mégapole, et le sort final promis à tous ces migrants, ne peut que résonner d’un écho profondément actuel…

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