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MIDNIGHT SPECIAL

dimanche 21 mai 2017, par Maestro

Jeff NICHOLS (1978-)

Etats-Unis, 2016

Avec Jaeden Lieberher, Michael Shannon, Joel Edgerton, Kirsten Dunst, Adam Driver.

Une alerte enlèvement. Un événement devenu presque banal, même s’il se déroule aux Etats-Unis. Deux hommes en fuite, accompagné d’un enfant qui semble les suivre sans aucune réticence, la seule particularité le distinguant étant ses lunettes de plongée qu’il porte en pleine nuit…

Midnight Special est un film qui sait distiller le suspense, et ménager ses effets de surprise. Car Alton Meyer n’est pas un enfant comme les autres : il voit des choses, parle en des langues plus ou moins compréhensibles, au point d’être devenu le centre névralgique d’une secte millénariste, le Ranch. C’est d’elle que son père biologique, Roy Tomlin, aidé par son ami d’enfance Lucas, cherche par tous les moyens, y compris l’usage de la violence, à l’extraire. Mais en dehors des sectateurs du ranch, qui cherchent à le retrouver, Alton Meyer et ses anges gardiens intéressent également grandement les autorités et la sécurité nationale, car certaines des données évoquées par l’enfant sont normalement top secrètes… Ce road movie familial connaît quelques moments de tension plus marqués : l’arrêt dans une station-service, où un satellite espion repérant Alton est attiré par ce dernier et transformé en pluie de météorites destructrices ; la tentative de récupération de l’enfant par les agents du Ranch ; l’expédition finale vers le point névralgique où tout converge, enfin, déterminé par les glossolalies d’Alton…

Midnight Special est un film d’atmosphère, tout en retenue sur le plan des sentiments, abordant certaines problématiques importantes (l’engagement sectaire du Ranch ou la nécessaire séparation de l’enfant et de ses parents), mais qui n’explique rien de manière approfondie, préférant se concentrer sur le mystère. Car on se demande comment cet enfant, être issu d’une autre dimension, d’un probable univers parallèle (un « monde sur le monde », comme il est joliment dit dans le film), a pu par erreur s’incarner dans un corps de notre Terre… Si la mise en abyme du début du métrage, lorsqu’Alton lit des comics à la lueur de sa lampe torche, peut autoriser le rapprochement entre l’enfant et les super-héros, il n’en est un que bien malgré lui, et son évolution (de la maladie à la guérison, de la nuit au jour) ressemble plutôt à bien des itinéraires mystiques, revisités à l’aune d’un matérialisme science-fictif. L’idée de Jeff Nichols était de rendre hommage à des films l’ayant marqués, Rencontre du troisième type, ET ou Starman.

Sans probablement avoir connaissance de ces filiations, le réalisateur, également auteur du scénario original, s’inscrit dans une certaine tradition merveilleuse scientifique, magnifiée par Maurice Renard (L’Homme truqué, dont les yeux ouvraient également sur un autre monde) et J.-H. Rosny aîné (ses formes de vie vivant dans les interstices, si près et pourtant si loin de nous). L’apparition de ces structures architecturales gigantesques est à elle seule une invitation au rêve, à la méditation métaphysique, superbement rendue par une musique sobre et délicieusement vintage (on pense aux univers de Steve Moore, voire à la BO de Oblivion).

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