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OBLIVION
Le garde meurt mais ne se rend pas
samedi 13 avril 2013, par
Joseph KOSINSKI (1974-)
Etats-Unis, 2013
Tom Cruise, Morgan Freeman, Olga Kurylenko, Andrea Riseborough, Nikolaj Coster-Waldau
Jack Harper, technicien chargé de réparer les drones de protection rattaché à la plate-forme 49, explique très bien la situation au début du film. La destruction de la Lune par les envahisseurs extra-terrestres, les Chacals, et la guerre qui en a suivi ont rendu la Terre invivable pour l’humanité, le conflit ayant été gagné à coup de bombes nucléaires. Les survivants ont entrepris de se replier sur Titan. Pour fournir de l’énergie et achever ce vaste projet, toute l’eau de mer est pompée à partir de stations protégées par les drones. En orbite le Tet, abréviation de Tétraèdre, supervise l’opération et donne les ordres à l’équipe efficace formée de Jack et de Victoria (Vica) qui ne quitte pas la base 49. Leur mission arrive à son terme et Vica attend ardemment de partir pour Titan. Jack, qui foule seul le sol terrestre au risque de se faire attaquer par les Chacals qui ont survécu, est moins impatient ; il a son jardin secret et surtout, il fait chaque nuit le même rêve dans laquelle il voit la même scène se déroulant à New York au sommet de l’Empire State Building avec la même femme, à une époque qui remonte à bien avant sa naissance. Le retour sur Terre d’un module d’hibernation radioguidé laissant pour seule survivante la femme de son rêve plonge Jack dans un abîme de perplexité. Que se passe-t-il ?
Même si c’est désormais une constante dans le cinéma de science-fiction, il ne faut jamais se lasser de louer la qualité des images d’une pureté irréelle c’est-à-dire numérique. Se retrouve dans Oblivion une esthétisation de la science-fiction déjà remarquée dans le Prometheus de Ridley Scott avec lequel il partage la mise en scène de mondes désolés. Le film de Kosinski joue sur des effets archi-classiques comme le contraste entre la villa aérienne d’un blanc immaculé et hyper-sophistiquée qui héberge l’équipe 49, trop propre pour être honnête, et la noirceur, la crasse de l’antre des Chacals. Le design des engins, qui a depuis longtemps abandonné les surfaces angulaires parsemées de technologie qui dépasse de la SF des années 80, revêt une forme lisse toute en courbures recellant de multiples trappes destinées à contenir de multiples gadgets. De quoi faire rêver un designer automobile. Le jet de Jack est à ce titre une petite merveille d’imagination et on sent que le roman graphique qui a constitué le prélude au film a été très utile.
Le fan de science-fiction verra cependant venir facilement les révélations du scénario. Tout est du déjà-vu ou plutôt du déjà lu et pourtant votre serviteur peine à dire dans quoi. Le spectateur accoutumé au genre aura donc peu de surprise en regardant Oblivion. Le film de Joseph Kosinski a cependant l’immense mérite de réunir et de mettre en scène avec talent des thèmes très classiques de la SF. C’est suffisamment rare pour faire d’Oblivion un film très agréable à regarder, mais il n’est pas suffisamment innovant, ne comporte pas de scènes vouées à devenir des mythes du cinéma, pour être regardé inlassablement. Le DVD aurait intérêt à multiplier les scènes coupées pour se rendre attractif aux spectateurs connaissant le film.
Excusable dans les ficelles utilisées, l’absence d’originalité l’est moins dans le dénouement qui n’est pas sans rappeler des films d’autres réalisateurs beaucoup plus critiqués R. Emmerich et M. Bay pour ne pas les citer.. Le happy end était-il inévitable ? Avait-on besoin de 52 ? Ainsi le baroud d’honneur, toujours encombré de grandes phrases parfois empruntées à de grands auteurs, une pratique déplorable qu’ont rarement adoptée les réalisateurs de films de guerre. Il n’est pas besoin de bien parler pour mourir avec panache. Ne pourrait-on crever en silence ?