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Sur la route de Los Alamos & Opération Downfall

dimanche 17 juin 2018, par Maestro

Scénario : Fred DUVAL, Jean-Pierre PECAU

Dessin : DENYS

Couleurs : Scarlett SMULKOWSKI

France, 2018

Delcourt, Série B, 2 vol., 58 p.

Avec ce diptyque, la série scénarisée par Fred Duval et Jean-Pierre Pécau fait retour à une des périodes phares de l’uchronie, la Seconde Guerre mondiale, délaissée depuis Le Crépuscule des damnés, vingt-et-unième tome et dernier volet d’une trilogie (avec Oméga et Opération Charlemagne).

L’intrigue prend place dans la toute dernière année du conflit, alors que les recherches du projet Manhattan sont sur le point d’aboutir. C’est le moment que choisit Robert Oppenheimer pour abandonner subitement le centre de recherches (et son épouse). Croisant sur sa route un certain Jack Kerouac, déserteur de l’armée, en échangeant dans un bar des citations de Kafka, et son ami Neal Cassady, il se lance dans un road-movie improvisé, laissant libre cours à une consommation débridée d’alcool et de drogues diverses. Les responsables du projet Manhattan, que le départ inopiné d’Oppenheimer handicape de manière décisive, décident alors de lancer sur ses traces un certain Eliott Ness, en concurrence avec le FBI qui soupçonne des menées crypto-communistes.

Un troisième fil se noue, par l’intermédiaire du fils d’un des physiciens du projet, engagé chez les marines et qui se bat contre les Japonais dans le Pacifique. Le second tome renforce la dimension de roman noir, éclairé par les délires des membres de la beat generation, puisqu’on découvre en sus un William Burroughs paranoïaque et un Allen Ginsberg mystico-sexuel. La dernière partie de l’intrigue, une des plus réussies, laisse à voir ce qu’aurait pu donner une invasion conjointe du Japon par les Soviétiques au nord et les Etats-Unis au sud (la fameuse opération downfall, projet authentique), aboutissant à une division de l’archipel.

Si l’idée de départ est sympathique, l’association entre Kerouac et Oppenheimer manque toutefois de consistance : qu’est-ce qui retient l’écrivain auprès du scientifique ? Quelles sont les motivations profondes de ce dernier ? Certes, un flash-back nous donne à voir la complicité qui se noue, à Los Alamos, entre Oppenheimer et les navajos employés sur la base ; le savant les aide en effet à se rendre sur un de leurs sites sacrés, accaparé par l’armée, afin d’y célébrer une cérémonie à laquelle Oppenheimer participe, et qui semble lui ouvrir des perspectives inédites… Mais lesquelles ? Autre point discutable, l’hypothèse historiographique d’un débarquement étatsunien au Japon, en cas de non utilisation de l’arme atomique, qui se serait révélé particulièrement meurtrier, mais qui n’est qu’une possibilité parmi d’autres. Dans le tome 33, les auteurs font leur l’hypothèse de civils nippons embrigadés et suicidaires, prêts à tout pour défendre leur pays, ce que l’on peut largement discuter.

Pour autant, tous les fils ne sont pas dénoués : le projet qui rassemble nombre de scientifiques, à commencer par Oppenheimer, autour d’une utilisation civile et pacifique du nucléaire, possède des mécènes dont l’identité demeure obscure… De quoi fournir matière à un troisième épisode !

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