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Space requiem

dimanche 20 janvier 2019, par Maestro

Vincent JOUNIEAUX

France, 2018

Black Coat Press, coll. "Rivière blanche", série Blanche, 288 p.

En 2012, Vincent Jounieaux avait publié un premier roman intitulé Le Temps de la fin, space opera dense et riche, un peu chargé, sans doute, mais qui révélait un auteur au potentiel affirmé. Six ans plus tard, il en propose une suite. Et pourtant, Le Temps de la fin se terminait plutôt mal, puisqu’une catastrophe, déclenchée par le héros J.j O’Truste, conduisait à sa propre disparition en plus de celle de l’humanité toute entière, essaimée à travers l’ensemble du système solaire.

C’est donc une forme de résurrection quantique qui permet d’initier ce Space Requiem, J.j O’Truste, ou plutôt sa forme désincarnée, retrouvant le système solaire un temps immémorial après la fin de son espèce dominante. Le champ de ruines qu’il arpente distille une mélancolie redoublée par certains chapitres, qui constituent autant de scènes de la catastrophe, telle que l’ont vécus des voyageurs spatiaux, des habitants de la Terre confrontés à des pluies de météores lunaires et à la submersion totale, ou les propres amis d’O’Truste, adeptes de la philosophie CoEx. Une des plus belles images, à ce titre, est celle d’une cathédrale voguant dans l’espace, préservée de l’entropie par un champ de force.

Mais au cœur de cet abyssal néant, O’Truste découvre qu’une intelligence subsiste : celle issue d’un ordinateur quantique, logé au cœur du planétoïde abritant autrefois le siège du gouvernement central. L’occasion lui est ainsi donnée de rompre sa solitude et son nihilisme croissant, d’autant que cette IA a un objectif particulièrement ambitieux, réussir à rencontrer Dieu ! Pour ce faire, J.j O’Truste peut, par sa confrontation avec des mondes alternatifs générés par ses soins, lui permettre de percer enfin la dynamique existentielle de l’univers.

Une intrigue parallèle se déploie également, puisque l’on suit les pérégrinations de deux amis, visiblement humanoïdes et appartenant à une culture préhistorique, sur un monde non identifié, contraints de fuir leur village soumis à l’autorité abusive et sans partage d’un des leurs. En réalité, derrière les apparences de réalité virtuelle, cette trame permet de creuser un autre thème classique de la science-fiction, celui de l’arche stellaire et d’un nouveau départ pour l’humanité.

Si le roman commence à l’image de celui d’Oksana et Gil Prou, Cathédrales de brume, il parvient peu à peu à ranimer de façon plus vive l’intérêt du lecteur, d’autant que Vincent Jounieaux est capable de combiner un sens aiguisé de l’action (très belles scènes de combat avec les deux préhistoriens, mais aussi d’un simulacre façon jeu vidéo) et des développements hard-science accessibles et chatouillant l’imaginaire (les réflexions autour de la matière sombre et de l’énergie noire, socle d’un multivers à la stabilité variable). Dans un crescendo fortement influencé par l’œuvre musicale de Mozart, le roman se dévoile comme un nouvel épisode de l’affrontement entre l’entropie et la pulsion de vie, expliquant du même coup, dans une forme de spiritualité matérialiste, la véritable nature de l’énergie noire.


Pour commander Space requiem suivez le lien vers les éditions Black Coat Press !

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